WB01343_.gif (599 bytes)WB01345_.gif (616 bytes)

2016  Loustal repart de « Noir » pour faire « Black Dog »

L'ESSENTIEL LUXEMBOURG N°1980 4 MAI 2016 p. 29

Loustal repart de « Noir » pour faire « Black Dog »
 Signé Götting et Loustal, « Black Dog » est en fait le remake de « Noir », publié par Götting en 2012. Une démarche osée et réussie.


Black Dog
Jean-Claude Götting & Loustal

 Quand Jean-Claude Götting a sorti « Noir » en 2012, il était loin de s'imaginer que Jacques de Loustal lui demanderait d'en faire un jour « Black Dog », après avoir fait ensemble « Pigalle 62-27 ».

Pour Götting, « Noir » était comme « une petite récréation en forme d’exercice de style. Et un hommage aux roman et cinéma noirs ».

Mais Loustal n’avait aucune envie de se replonger dans les années 50 car cela renvoyait à une imagerie qu'il avait déjà beaucoup traitée, « notamment pour "Pigalle 62-27" ou "Le sang des voyous" ».

 Alors, il a pensé qu’il était possible de transposer l’histoire dans les années 70-80. « J'ai dit à Jean-Claude Götting : "C’est comme si tu avais fait un film roumain muet en noir et blanc". Mais moi j’ai envie d’une production hollywoodienne ».

« Black Dog » évoque la descente aux enfers frénétique d’un loser absolu. Stefan est paumé, bricole un peu de mécanique dans un garage et n’a plus rien à perdre. Elle est blonde, délaissée par son mari, partage ses journées entre la piscine et les dépanneurs. Il aurait mieux valu ne jamais la croiser. Il aurait dû savoir qu’il faut être d’une autre trempe pour pouvoir abattre un homme de sang-froid. « Je voyais une ambiance californienne, solaire, dans une intrigue de film très noir… Le décor de mes histoires n’est jamais un simple fond d’image anecdotique. Au contraire, il joue un rôle important », explique Jacques de Loustal.

Pour « Black Dog », il s'est abondamment documenté et a revu certains films. « Le méchant s’inspire de celui de "En quatrième vitesse", de Robert Aldrich. Mais il faut savoir limiter les recherches, parce que c’est sans fin... », dit-il.

À partir du synopsis de Jean-Claude Götting, il a gambergé pour réaliser le storyboard, le découpage scène par scène, plan par plan. «C’est à ce moment que je résous les problèmes de cadrage, mais aussi la durée de chaque séquence. Je peux dilater à volonté l’action, introduire même des scènes apparemment gratuites mais qui permettent de faire mieux percevoir l’essence même de l’histoire».

Illustrateur hors pair, Loustal a imposé son propre style. «Je me considère comme un fabricant d’images. J’ai toujours le plaisir, quand je lis un texte, de voir une image apparaître au détour d’une phrase». De fort belles images, «Black Dog» n'en manque pas. Normal, c'est un (excellent) Jacques de Loustal!

Réédité 30 ans après sa sortie

 Jacques de Loustal est doublement dans l'actu. Outre la sortie de « Black Dog », Casterman réédite « Barney et la note bleue », sorti en 1987. « C’est mon album le plus connu. J’étais en recherche mais j’ai posé quelques bases pour la suite. Sur le plan technique, je découvrais l’encre aquarelle qui permet de jouer sur les rendus de la couleur, ce qui, pour moi, n’est rien d’autre que le traitement de la lumière », explique Jacques de Loustal. « Barney et la note bleue », vraifaux biopic du saxophoniste français Barney Wilen, était le projet de Philippe Paringaux. « Outre l’écriture, superbe, j’y ai surtout vu une histoire noire sur le thème "Ascension et chute d’un petit génie" », dit de Loustal. À sa sortie, l’album avait été bien accueilli et avait relancé la carrière de Barney Wilen, un peu oublié. Sa réédition s'accompagne d'une nouvelle couverture et s'agrémente de « La note bleue », un CD de Barney Wilen à écouter bien sûr en lisant l'album. ➲ « Barney et la note bleue ». Paringaux et Loustal. Casterman.

 


 


http://www.lessentiel.lu/fr/lifestyle/story/Loustal-repart-de-Noir-pour-faire-Black-Dog--21372585