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Variations sur la
note blue
UNE
RENCONTRE PASSIONNANTE DU JAZZ ET
DE LA BANDE DESSINÉE, AVEC MUSIQUE.

Jazz et cinéma, jazz
et poésie, jazz et arts graphiques, jazz et photo, jazz et bande
dessinée... Mariages de raison? Couples « à problèmes »?
Epousailles fastueuses? Amours ancillaires ?
On peut tout dire de
ces « accouplements ». Tout et le contraire. La sortie du film «
Autour de Minuit » a donné lieu. à des affrontements mémorables
entre vieux amis, pourtant « amoureux x » des mêmes choses.
Pendant ces débats récents, la grande presse (non spécialisée)
annonçait sur un ton définitif un incontournable retour au jazz.
Après nous avoir, en a peine trois ou quatre ans, aussi bien
sommés 1 d'écouter Fela et les Africains (dans un loft à la
Bastille, bien sûr !), que culpabilisés si nous n'écoutions pas
24 heures sur 24 de la musique techno-punk (obligatoirement
dans un ancien hôtel de passe, rénové, du quartier des
Halles) et avant de nous obliger (dans six mois ?) à revendre
notre disco thèque jazz pour la remplacer par l'intégrale de
Maurice Chevalier (à écouter impérativement au centième étage
d'un gratte-ciel de la Défense), les ayatollahs de la presse
branchée ont décidé, que, ces temps-ci, le bon choix c'était
le « feeling jazz »...
Le 15 janvier, ceux
qui aiment discuter à n'en plus finir sur les flirts poussés du
jazz avec d'autres disciplines artistiques, mais aussi les
amateurs sensibles (depuis longtemps ou non) au « feeling jazz »
devraient être gâtés: « Barney et la Note Bleue », album. de
bandes dessinées illustré par Jacques de Loustal et écrit par
Philippe Paringaux, sort des presses de Casterman.
Une histoire d'amour
dont le personnage principal est un musicien de jazz célèbre à
la fin des années 50. Nostalgie, bebop/hard_bop, détails
d'époque, « jazz life »... Comme pour, le film de Tavernier, des
jazzophiles un peu maniaques traqueront les détails authentiques
et les « erreurs ». D'autres, croyant avoir entre les mains la
véritable biographie de Barney Wilen s'indigneront à l'usage
fait de l'image d'un musicien toujours vivant et toujours
créatif (dans « La Note Bleue », le Barney de fiction meurt en
1962 !). Certains, enfin, trouveront cette histoire «farcie » de
clichés et engluée dans une imagerie «facile » du monde du jazz
et des fifties.
Pour Pierre_Henri
Ardonceau, un de nos « spécialistes » des rapports jazz et b.d.,
« Barney et la Note Bleue » est une oeuvre importante et
passionnante. Pour éclairer débats et polémiques que ne manquera
pas de susciter la parution de cet album, il a recueilli
plusieurs avis : ceux des auteurs, bien sûr, mais aussi celui de
Michel Boujut, jazzfan_bédéphile notoire. Le scénario de « La
Note Bleue » ayant été, en partie (et d'un point de vue
très limité finalement), inspiré par le saxophoniste Barney
Wilen (vedette du jazz français et européen à la fin des années
50), Ardonceau rappelle quelques moments de la carrière de
celui_ci et relève au passage des coïncidences « troublantes ».
Enfin, comme (heureuse chose à son avis) la bande dessinée a
déjà une bande_son originale (une première en ce
domaine), il nous raconte la genèse du disque « La Note Bleue ».

Barney pour de rire
Philippe Paringaux, 42 ans, est
rédacteur en chef de Rock
& Folk (depuis 1978) et de l'Echo des Savanes (depuis
deux ans). Dans l'univers de la bande dessinée, Paringaux
occupe, volontairement, une position marginale : il n'écrit
des scénarios que pour Jacques de Loustal, et ses scénarios «
fonctionnent » de manière très particulière. Paringaux est
loin des pâles dominants de la figuration narrative :
aventures et « rigolade » (les fameux « Petits Mickeys »)...
Le titre de son roman en bande dessinée, La Note Bleue, est
un double hommage : aux blue notes qui font la
spécificité du jazz et à Blue Note, son
label phonographique préféré.
ROCK ET JAZZ
Lorsque j'étais adolescent,
j'écoutais indifféremment du jazz ou du rock : Cliff Gallup ou
Kenny Burrell, Presley et Coltrane. A l'époque, ça ne
se faisait pas beaucoup d'avoir un pied dans chaque camp _donc,
je n'étais dans aucun. Je suis devenu critique à Rock &
Folk vers la fin des années 60 _j'étais à Sciences Po, la
mort d'Otis Redding m'a remis dans le droit chemin. J'ai un peu
écrit sur le jazz dans R & F, surtout sur Miles
Davis qui est mon idole de toujours _ on était devenu copains,
il me faisait
essayer ses pantalons
en peau de serpent et je portais sa trompette, j'étais fier
comme tout. J'ai décroché du jazz après la période free, musique
que je m'étais forcé à défendre pour des raisons
extra_musicales. Je continue à me tenir au courant, mais quand
j'écoute du jazz je retombe immanquablement sur mes vieux Blue
Note ou des trucs des années 50_60.
TRANCHES DE VIE
Loustal a débuté à R & F,
il apportait des petits croquis de musiciens. Un jour il
m'a demandé un scénario, et depuis je travaille avec lui _ et
uniquement avec lui. La musique est souvent présente dans ce que
nous avons publié, mais ce qui m'intéresse par_dessus tout c'est
la petite musique intérieure, celle qui naît d'une phrase
parfaitement en harmonie _ ou parfaitement en décalage _ avec le
dessin qui la surplombe jamais de bulles ! Les histoires qui
vont d'un début logique à une fin logique ne m'intéressent pas
vraiment, je préfère raconter des instants, des détails, des
bribes de vie. Je cherche à évoquer des ambiances, des climats,
la chaleur ou l'ennui. En conséquence, nos récits laissent une
très grande part à l'imagination du lecteur, à lui de greffer
son propre scénario sur le mien _à partir d'indications, de
comportements. Je ne suis pas fou de littérature psychologique
et n'entre jamais dans la tête de mes personnages.
D'AMOUR ET DE JAZZ
Cela fait des
années que je pense à une histoire dont le principal serait un
musicien de jazz _ puisqu'il y en a beaucoup dans ma galerie de
héros _ mais pas une histoire de jazz : une histoire d'amour.
J'avais une idée assez précise de la personnalité et du physique
de ce personnage, une sorte de dandy erratique et quelque peu
loser, un type frêle avec des lunettes. J'ai donné quelques
photos à Loustal : Paul Desmono, Lee Konitz, Buddy Holly, Bill
Evans et... Barney Wilen. Le héros du livre est un mélange de
tous ces gens-là.
BARNEY Je
ne connaissais pas Barney Wilen. Je n'ai jamais fréquenté les
milieux du jazz, ma connaissance du sujet est totalement
livresque, phonographique, cinématographique j'ai toujours
préféré traiter de sujets que je ne connaissais pas réellement,
et ce sans jamais me documenter, sans doute parce que la réalité
est toujours plus décevante que le rêve. Le problème, si
problème il y a, c'est que dès le début du travail d'écriture
j'ai appelé mon personnage Barney avec l'intention de
changer ce nom ensuite, mais plus je l'appelais Barney, plus ce
nom s'imposait et il ne m'a plus été possible d'en envisager un
autre par la suite. C'est un beau nom, Barney, pour un héros.
FICTION Bon,
dissipons un petit malentendu : Barney et la Note Bleue n'est
absolument pas une biographie de Barney Wilen, et je suis
persuadé que si le personnage s'était appelé Louis ou Marcel la
uestion ne se serait même pas posée. "étais bien conscient, en
décidant de conserver le prénom d'un musicien existant, que cela
risquait de créer une confusion, mais, comme je l'ai dit, je ne
pouvais plus changer. Bien sûr, certaines des situations de
l'histoire peuvent être rattachées à une réalité « historique »,
mais l'imaginaire est forcément nourri de souvenirs et ces
épisodes sont plutôt issus de la vie archétypique d'une certaine
race de musiciens de jazz qu'inspirés par un seul _ et Barney
Wilen est de cette race_là, celle des artistes qui n'ont aucun «
plan de carrière » et vont où le vent les porte. En cela, oui,
il ressemble sans doute à mon héros : tellement imprévisible
qu'il en devient prévisible. En fait, je crois savoir que la
vraie carrière du vrai Barney est beaucoup plus riche en
rebondissements et en « scènes d'action » que mon scénario.
RÉACTIONS
Barney et la Note Bleue a
été pré_publié dans (A Suivre) entre novembre 85 et
mars 86. Après la parution du premier épisode, Barney est venu
me voir et nous avons fait connaissance. Au début, il était
plutôt content, flatté, amusé. Mais, à mesure que l'histoire
avançait et qu' étaient évoqués des problèmes dont on ne parle
qu'à mots couverts dans les revues spécialisées, il a été, je
crois, désagréablement surpris. Nous avons parlé, je lui ai
expliqué que ce n'était en rien une biographie. Aujourd'hui nos
rapports sont amicaux, à tel point que nous travaillons, avec
Philippe Vincent des disques Omd, sur le concept d'un disque qui
s'intitulera « La Note Bleue » et sera. à ma connaissance, la
première bande_son jamais réalisée à partir d'un bouquin.

DÉCOUPAGES
D'habitude, je fournis à Loustal un découpage très
précis. Et puis je me suis dit que cela pouvait brider sa
créativité et, pour cet album, je l'ai laissé libre de choisir
ses cadrages tout seul. J'ai défini des ambiances, je lui ai
prêté des tas de disques et de revues, il a ajouté à cela toute
sa doc sur les années 50_60. Je trouve qu'il a fait un
remarquable travail de mise en scène et d'éclairage. Ce garçon
est un prince de I'aquarelle, il maîtrise parfaitement la
lumière et c'est. en plus de la forme très littéraire du récit.
ce qui différencie notre travail de la b.d. . traditionnelle. Il
n'y a, parmi les protagonistes de l'histoire, aucun personnage
cité sous son nom, mais les amateurs éclairés reconnaîtront
par_ci, par_là un visage connu, un endroit, une vague référence
; ce sont des clins d'oeil à ceux qui savent, mais c'est sans
réelle importance : je n'ai pas écrit ce bouquin pour faire
étalage de mon érudition jazz. Loustal et moi avons un public
fidèle qui connaît notre façon de « fonctionner » et pour qui le
background de nos histoires n'est pas l'essentiel _ tant que
nous réussissons à le faire rêver.
DU BON USAGE DU
CLICHÉ Nos lecteurs
savent depuis longtemps que les clichés sont la base même de
notre travail mélo plus chromos _ et l'un de nos albums
s'appelle même Clichés d' Amour, pour le cas où
certains n'auraient pas bien saisi. Pour moi, les clichés sont
de Miles images qui n'ont que le tort d'avoir été trop souvent
utilisées. figées. Mais, tout comme les chansons d'amour, ils
disent des choses éternellement vraies et le jeu consiste à
redire ces choses d'une manière imperceptiblement différente, de
réinsuffler de l'émotion dans des carcasses un peu usées. Toutes
les histoires du monde ont déjà été racontées cent millions de
fois, tous les standards de jazz ont été joués des millions de
fois. Et pourtant. parfois, le grand frisson passe. Question de
feeling.
AUTOUR DE MINUIT
C'est en apparence la
même histoire. mais cela n'a en fait rien à voir. Autour de
Minuit est une histoire d'amour entre un homme et une
musique. Barney et la Note Bleue est une histoire
d'amour entre un homme _ qui se trouve être un jazzman _ et une
femme. La comparaison ne se justifie que parce que l'élément
jazz est très présent dans les deux, heu, oeuvres. Tout ce que
je peux dire, c'est que la musique de mon « film » a moi sera
meilleure. j'espère. que celle du Tavernier et risque de rendre
a Barnev Wilen la place qu'il n'aurait jamais du quitter auprès
des tout grands.
PURS ET DURS
Cela dit, Autour de Minuit a
suscité des réactions curieuses dans le milieu du jazz et je
crois que les gens qui descendent ce film le font pour de bien
mauvaises raisons. Au lieu de pinailler sur des détails sans
aucune importance, ils devraient être reconnaissants _ même
s'ils n'aiment pas le film _ à Tavernier d'avoir réalisé. en
1986. un film grand public sur le jazz (le jazz !). un sujet
tellement peu commercial. Le simple fait que ce film existe
devrait les satisfaire. Mais peut_être n'aiment_ils pas que
les foules viennent visiter leur petit jardin à eux...
(Propos recueillis
par Pierre_Henri Ardonceau, octobre 1986.)

LES LUMIÈRES BLEUES
DE LOUSTAL
A tout juste trente
ans, Jacques de Loustal, remarquable portraitiste et paysagiste,
a inventé un style d'histoire dessinée qui emprunte a la bande
dessinée sans cri être. Aquarelliste (l'usage de l'aquarelle est
peu répandu chez les dessinateurs de b.d.), il propose de
grandes cases soigneusement composées et légendées (sans bulles)
où l'on perçoit la vibration de la lumière. Atmosphères,
climats, états d'âme : Loustal, avec la complicité d'un
scénariste (Paringaux) avec qui il travaille en complète
harmonie, administre un lifting, périlleux, à la bande dessinée
traditionnelle.
Avec le couple
Loustal_Paringaux, le rapport texte_image retrouve sa pureté
originelle. La page est globalement utilisée comme un écran
limpide. Le graphisme de Loustal conforte la fluidité du récit
de Paringaux. Rien ne brusque le lecteur. Les textes sont sous
les images. On peut se laisser aller. Loustal repeint le mélo
aux couleurs de la modernité. On pense à Wim Wenders, à
Sheppard. Philippe Bronson, dans son Guide de la Bande
Dessinée (éd. Glénat), qualifie Loustal de « dessinateur
de blues ». Avec Loustal c'est bien une petite musique
intérieure subtile qui nous est proposée avec parfois des ondes
étranges et venimeuses.
Pour Barney et La
Note Bleue Loustal a travaillé sur une musique qui n'est
pas directement et principalement «sa» musique. Loustal aime
avant tout le blues et le rock. Mais pour créer cette b.d. il a
écouté beaucoup de jazz des anées 50 et 60 : « En puisant dans
la discothèque de Paringaux, je nie suis ré_imprégné d'un climat
jazzy. Et beaucoup de choses sont « remontées ». Mes frères,
plus âgés que moi, étaient des jazzfans. Les pochettes de leurs
disques me fascinaient (celles des années 60 sont
merveilleuses). Avec le jazz des sixties, c'est aussi les
bandes_son des films policiers de Melville et Molinaro que
j'entends. J'aime les films noirs de série B de cette époque et
leur son particulier : le « hard hop ». La période 58_62 me
passionne. Pas seulement pour le jazz. Pour son environnement
global aussi. C'est tout cela que j'ai essayé de faire passer
dans La Note Bleue. Comme au cinéma, j'ai fait des
découpages précis, des plans de coupe, des éclairages adaptés à
chaque scène. J'ai voulu que chaque page ait une unité
(tonalités dominantes, unité de lieu). J'ai voulu aussi traduire
une certaine imagerie du jazz : le sax, les chambres d'hôtel...
J'ai travaillé sur plusieurs musiciens « réels » pour construire
le héros de la bande. Finalement le Barney de la b.d.,
graphiquement, est une synthèse complexe de Bill Evans, Dave
Brubeck, Chet Baker, Lee Konitz, Buddy Holly et... Barney Wilen.
» (Propos recueillis par P._H.A., janvier 86).
NB _ Dans le cadre du
Festival de Jazz d'Angoulême, du 26 mai au 27 juin 1987, le
C.a.c. d'Angoulême présentera au Centre St Martial une
exposition Loustal et le Jazz. C'est une initiative de
F. Vie.
MICHEL BOUJUT AIME LE JAZZ, la bande
dessinée, le cinéma, la
littérature américaine, Entre autres. Depuis de nombreuses
années il
intervient dans tous ces domaines à des titres divers :
journaliste, écrivain,
critique, éditeur, essayiste, producteur... Collaborateur de Jazz
Magazine, membre
de l'équipe de l' Evénement du jeudi, il vient de
remporter deux «
7 d'Or » 'pour l'émission Cinéma-Cinémas qu'il
coproduit sur
Antenne 2. En 1976, son Pour Amstrong (éd.
Filipacchi) a
fait l'unanimité chez les critiques spécialisés, Le Seuil a
publié en mai 86
son roman Amours Américaines. En 1966, dans
Giff Wiff (nN
22), il, évoquait (déjà !) dans un court article les
rapports entre
jazz et b.d. Pas de doute : Boujut a le « profil » idéal, comme
disent les
chasseurs de têtes, pour nous parler de La Note Bleue...
« Je ne connais pas
en détail la biographie
de Barney Wilen, mais il me paraît évident que Barney et la
Note Bleue est
une fiction. Le personnage central est pour une bonne part le
Barney Wilen qu'on
connaît extérieurement. Pourtant, pas plus dans cette oeuvre que
dans le film
de Tavernier, je rie vois la biographie authentique d'un
musicien. Comme tous
les passionnés de cinéma américain, j'aime les histoires. Cette
b.d. en
raconte une. Je comprends que B.. Wilen ait pu être surpris par
cette
utilisation de son image, mais pour moi, avec les armes de la
fiction un auteur
a beaucoup de droits.
Le travail de mise en
scène de Loustal me
plaît beaucoup. Le fait que Paringaux travaille sur des clichés
ne me gêne
pas du tout. Les clichés sont faits pour être appropriés et
retournés, Au
cinéma, comme dans le monde du jazz, on vit beaucoup dans les
'clichés. (Mon
émission use et abuse des clichés cinématographiques.) J'aurais
pourtant
aimé être plus surpris par le travail de Paringaux.
Il n'y a pas de bulles dans cet
album. Ce n'est pas gênant.
Le texte, sous les images, fonctionne comme le synopsis d'un
film en train de se
dérouler. Il y a là un <story board> prêt à être utilisé.
Je verrais
bien dès gens comme Louis Malle ou Jean-François Stévenin
réaliser un film
avec ce script. Le côté fêlure de l'histoire leur conviendrait
bien. Bien
qu'amoureux du cinéma, je ne suis pas ,maniaque. Je peux lire un
roman ou une
b.d., sans les passer au crible de l' écriture
cinématographique. Mais là
comment ne pas faire référence au 7e Art ? Je pense à l'univers
de Scorcese,
à Michael Curtis <La femme aux chimères> avec Kirk Douglas
dans un rôle
inspiré par Bix Beiderbecke). Il y a un côté naïf dans le dessin
de Loustal
qui va ,bien avec l'histoire. Cela donne une vision des choses
pas complètement
réaliste. Tous les éclairages sont merveilleux : les plans de
plages
ensoleillées comme les plans de nuit. Pour les scènes nocturnes,
la
ressemblance avec le travail sur les décors de Trauner pour «
Autour de Minuit
» est étonnante. Globalement, je préfère nettement la bande
dessinée de
Loustal_Paringaux au travail de Tavernier. Je ne suis pas
fou de son
film. (Je l'ai écrit dans l'Evenement du Jeudi.) Tavernier
a déclaré
avoir voulu faire un film « libre comme le bebop » : je
crois qu'il a
fait un film qui, trop carré, trop académique, ressemble plutôt
au jazz
classique Que. Il y a plus de liberté dans La Note Bleue que
dans «
Autour de Minuit ». Les couples jazz-b.d. et jazz-cinéma sont
des couples «
difficiles ». Il y a parfois plus d'esprit « jazz » dans un film
de ,
Cassavettes qui ne parle pas de jazz que dans un film sur le
jazz, car certains
films de ce réalisateur sont en « état d'improvisation ».
L'association jazz
et b.d. n'a pas encore produit beaucoup d'oeuvres importantes («
L'Homme de
Harlem » de Guido Crepax, « That's Life -de Robert Crumb ... ).
Désormais, à
mon avis, La Note Bleu en fera partie. » (Propos recueillis
par P.H. Ardonceau,
novembre 1986.)
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