
2004 (A Suivre) 1978-1997
(A Suivre) 1978-1997
une aventure en bandes dessinées
Auteur(s) : Collectif, Nicolas Finet
Ed. Casterman
Date de parution : 10/09/2004
Dimensions : 22,6 x 30,3 cm
Pages : 200

En 2003, le magazine (A SUIVRE)
aurait fêté ses 25 ans.
Symbole de la BD d'auteur, (A SUIVRE) a vu passer entre 1978 et 1997
les plus grands noms de la BD. Ce sont ces mêmes auteurs qui lui
rendent hommage à travers ce recueil d'interviews, de documents
d'archives et de planches inédites, spécialement dessinées pour
l'occasion par Tardi, Schuiten, Boucq, Loustal, de Crécy, Comès,
Régis Franc, Jean-Claude Denis et bien d'autres...
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Illustration pour « (À suivre) 1978-1997 : une aventure en
bandes dessinées »
Dimensions : 20*27.8 cm.
Type : Illustration
Technique : Encre de Chine et encres de couleur sur papier
Cette oeuvre est liée à : Jacques de
LOUSTAL – Toutes Directions
1 200,00€ (2016)


Le roman de l'aventure « A
Suivre »
Nicolas Finet, l'auteur du livre consacré à la saga d'« A Suivre
», et une planche d'hommage des auteurs au magazine disparu.
Casterman et photo Willy Aubert.
L'épopée belge de « A Suivre » a marqué le monde de la BD.
Nicolas Finet raconte cette histoire vraie en 200 pages
jubilatoires. Le cadavre est exquis.

http://www.leguide.be/Guide/livres/page_5379_264227.shtml
ENTRETIEN
DANIEL COUVREUR
Que ce soit « Tintin », « Spirou », « Pif » ou encore « Pilote
», la plupart des illustrés mythiques de l'histoire de la BD ont
leur bible. Casterman a proposé à Nicolas Finet de raconter la
saga de son magazine « A Suivre ». En 1978, le titre a fait
entrer la BD belge dans l'âge adulte. Ses romans graphiques ont
inscrit Corto Maltese, Silence, Canardo, les Cités obscures,
Léon la Came, Tendre Violette, Ray Banana, Tonton Marcel, Face
de Lune, Adèle Banc-Sec, La Vache, Roco Vargas dans la sphère
littéraire.
Dans quel esprit avez-vous abordé ce récit magique des années «
A Suivre » ?
J'avais collaboré à la revue pendant les douze dernières années
de son existence. « A Suivre » faisait partie de l'histoire de
ma vie. J'ai commencé par relire l'intégralité des 239 numéros
parus.
Que reste-t-il aujourd'hui de cette saga extraordinaire ?
Avec le recul, ce qui fait la différence entre les albums de BD
et le magazine qui leur a donné vie, c'est l'identité
éditoriale. Les BD étaient publiées en grands chapitres, avec
des chapeaux de présentation et une dramaturgie de titres
inexistante dans les albums. La revue avait ses dossiers
rédactionnels et ses propres chroniques d'actualité. Tout cela
contribuait à la mise en scène et à la valorisation de la BD
dans un environnement riche de sens.
En quoi ce magazine était-il différent des autres illustrés de
bande dessinée ?
Jean-Paul Mougin, le rédacteur en chef, a tout de suite
positionné son identité sur la dimension romanesque de la BD.
Mougin a briefé les auteurs dans ce sens. Sokal ou Schuiten,
jeunes débutants à l'époque, ont accepté d'orienter leur travail
dans ce sens. Cette dimension littéraire de la BD était un
phénomène totalement neuf. Elle a forgé la forte personnalité de
la revue. Mougin rêvait même d'un positionnement littéraire haut
de gamme. Mais les auteurs et le public ont tiré « A Suivre »
vers la littérature de genre, comme le roman policier ou le
fantastique...
Mougin venait de « Pif Gadget ». Dans l'équipe de base, il y
avait aussi Robial, auteur de la maquette de « Metal Hurlant »,
ou Ciccolini, un autre transfuge de « Pif ». Des planètes très
éloignées du classicisme des éditions Casterman, non ?
Dans les années 70, le milieu de la BD était très contestataire,
avec des revues comme « Charlie Hebdo », « Fluide Glacial », «
Metal Hurlant » ou « L'Echo des Savanes ». Pour exister à côté
de cette presse post-soixante-huitarde, Casterman a eu
l'intelligence de s'entourer de gens dans l'air du temps.
Gauchiste notoire, Mougin avait été débarqué de l'ORTF. Robial
était aussi très agité. Il avait fondé Futuropolis. Dans sa
librairie, il affichait un panneau : « Pour Astérix et Tintin,
allez voir au supermarché d'en face, c'est pas chez moi ! »
Casterman lui a tout de même fait confiance...
Casterman a respecté jusqu'au bout la totale indépendance
éditoriale de « A Suivre » ?
Jusque-là, ils publiaient des bottins de téléphone, des albums
de Tintin et de Martine. Ils ont pris conscience tardivement de
l'intérêt d'un magazine de BD. « A Suivre » n'a pas été créé
pour faire de l'argent. La revue n'a jamais dépassé les cent
mille exemplaires. « Pif » a dépassé le million sur certains
numéros. Le succès de « A Suivre » était plutôt à mettre en
parallèle avec l'augmentation de la vente des albums édités par
Casterman. Le poids de « A Suivre » se mesurait davantage en
termes d'influence. Tout le petit monde de la BD avait le regard
braqué sur le magazine parce qu'il offrait des projets de BD
différents. Le journal a fait éclater le carcan des histoires en
48 planches, autorisant les récits au long cours et en noir et
blanc. Tout ceci était contraire aux tendances lourdes de
l'édition de BD et aux équations économiques encore en vigueur
aujourd'hui...
« A Suivre » n'a pas fait école ?
Pas au plan graphique, comme « Tintin », « Spirou », mais bien
au plan narratif. « A Suivre » a aussi élargi l'horizon
classique de la BD franco-belge à ce qui se faisait ailleurs.
Publier l'Italien Manara, l'Espagnol Torrès ou les Argentins
Munoz et Sampayo était une démarche très novatrice. Enfin, il ne
fallait plus être français ni belge pour faire de la BD !
La revue se distinguait aussi par son respect des auteurs, qui
est demeuré légendaire...
Casterman appartenait à cette lignée de grandes maisons
traditionnelles où le confort de travail était sacré ! Ils ont
osé donner carte blanche à des ovnis comme F'Murrr, le poète
foldingue des « Histoires déplacées », ou au « Tonton Marcel »
très politiquement incorrect de Régis Franc. Je ne crois pas que
ce genre de BD aurait été imprimé ailleurs...
La chute était inéluctable ?
« A Suivre » était tellement moribond en 1997 que personne
n'avait la moindre idée pour le redresser. Ce fut un soulagement
collectif de le voir disparaître. L'esprit, lui, demeure.
repères
Ballade de la mer salée. Fin 1976, Casterman décide de créer un
mensuel de bande dessinée en noir et blanc permettant de publier
par chapitres de longs récits, à la manière de « La ballade de
la mer salée », de Corto Maltese.
Numéro un. « A Suivre » est en kiosque au mois de février 1978,
avec une couverture de Tardi et un édito sur la naissance du
roman de bande dessinée. Pratt, Comès, Munoz ou F'Murr sont de
l'aventure. Au cocktail de lancement, on éteint le feu de
poubelle au champagne !
Auteurs de rêve. Le pari est gagné. « A Suivre » confère à
Casterman l'image de « Gallimard de la bande dessinée ». De
futurs géants comme Schuiten, Boucq, Loustal... sont révélés
dans un esprit de liberté artistique absolue.
L'âge d'or. En 1984, « A Suivre » est devenu une institution. Le
centième numéro offre la bibliothèque idéale des années « A
Suivre », avec les portraits de 26 auteurs qui ont fait
l'histoire du journal.
Dix ans. Le magazine souffre de la concurrence du nouveau «
Corto », lancé par Casterman. L'image des grands récits
d'auteurs qui ont fait la réputation d'« A Suivre » se brouille.
Fin d'une époque. Le reflux du lectorat se poursuit. La pub est
en baisse et compromet toute innovation. La descente planante du
grand Moebius dans les pages n'y changera rien.
Sortie en beauté. Décembre 1997. La nouvelle BD s'invente
ailleurs. Mieux vaut s'arrêter pour réussir sa sortie avec un
émouvant numéro spécial. Arthur Même, le personnage de Tardi qui
avait ouvert la saga vingt ans plus tôt, revient en couverture.
Il brandit symboliquement son trousseau de clés pour refermer la
porte.
Da. Cv.
15 octobre 2004 |
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