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1992 Dessin Original "La petite marchande de prose" couleur de Jacques de Loustal 
 

1992 La petite marchande de prose

Auteur: PENNAC DANIEL
[couverture / cover ] Loustal

Titre /Title: La petite marchande de prose
Editeur / Publisher : GALLIMARD
Nombre de pages / Number of pages  402
01-02-1992
ISBN 2070384659

Éditions Gallimard, 1989 (ISBN 2-07-071822-0)
Éditions Gallimard, « collection Folio », no 2342, 1992 (ISBN 2-07-038465-9) Couverture Loustal


Illustration originale de couverture " La petite marchande de prose" de Daniel PENNAC de l'édition LIVRE DE POCHE . Oeuvre signée LOUSTAL. Enchère actuelle 156,00 EUR  (2003?)

Résumé : Clara qui se marie en blanc avec un directeur de prison de 40 ans son aîné, Benjamin qui démissionne pour la cinquantième fois, la Reine Zabo qui le rattrape pour la cinquante-et-unième et Julius, le chien, qui promène sa sagesse toute langue dehors : la routine, en quelque sorte, pour la tribu Malaussène ! Mais voilà que le mariage déraille. Et Benjamin se retrouve embarqué dans une nouvelle histoire à dormir debout, l'une de ces histoires qu'il aime lire à toute sa tribu réunie en cercle autour de lui, le soir avant de dormir. Sauf que cette fois, tout est vrai...

'"L'amour, Malaussène, je vous propose l'amour !" L'amour ? J'ai Julie, j'ai Louna, j'ai Thérèse, j'ai Clara, Verdun, le Petit et Jérémy. J'ai Julius et j'ai Belleville...
"Entendons-nous bien, mon petit, je ne vous propose pas la botte ; c'est l'amour avec un grand A que je vous offre : tout l'amour du monde !"
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai accepté. J'ai eu tort.'
Transformé en objet d'adoration universelle par la reine Zabo, éditeur de génie, Benjamin Malaussène va payer au prix fort toutes les passions déchaînées par la parution d'un best-seller dont il est censé être l'auteur.
Vol de manuscrit, vengeance, passion de l'écriture, frénésie des lecteurs, ébullition éditoriale, délires publicitaires, La petite marchande de prose est un feu d'artifice tiré à la gloire du roman. De tous les romans.

La reine Zabo est sortie pour régner sur un royaume de livres. Un petit royaume à l'échelle de son corps chétif dominé par une énorme tête. Un royaume qu'elle domine entièrement. Pourtant, elle peine à dominer Benjamin Malaussène, le bouc émissaire professionnel payé à prix d'or pour compatir avec les écrivains refusés. Alors quand Malaussène, démotivé par le mariage de sa toute jeune sœur Clara avec un directeur quasi-sexagénaire de prison modèle, se saisit d'un prétexte pour démissionner, la reine Zabo se voit contrainte de lui offrir un autre emploi : endosser l'identité de J. L. Babel, le prolifique et invisible auteur de fadaises à succès.

Mais la mort rôde autour de Clara et de Benjamin, victimes de la terrible tendance malaussénienne à attirer les problèmes, et la tonitruante sarabande de l'opération publicitaire croise la route d'un dangereux tueur. C'est d'abord le futur mari de Clara, assassiné le jour de son mariage, qui est découvert. Benjamin, suspecté par défaut, est rapidement mis hors de cause par le commissaire Coudrier. Celui-ci lui recommande de rester loin de cette affaire, mais même en obéissant à son conseil, Malaussène va se retrouver inextricablement mêlé à ce meurtre.

JLB se dévoilera vraiment à la terre entière au palais omnisports de Paris-Bercy. Une foule de journalistes, d’admirateurs mais aussi d’assassins y est réunie. Benjamin se fera tirer dessus en ayant pris la place du mystérieux J. L Babel, et tombe dans un coma dépassé. Le docteur Berthold, profitant de ce coma, commence à prélever des organes pour effectuer des transplantations sur des patients ayant plus besoin des organes de Benjamin que celui-ci.
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Petite_Marchande_de_prose

 

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Label France - N°39
Romancier, professeur de français et lecteur passionné, auteur à succès d'une saga policière aux personnages aussi fantasques qu'attachants - la désormais mythique famille Malaussène -, Daniel Pennac est l'un des auteurs français les plus traduits et les plus lus dans le monde. Pour Label France, il nous fait partager son expérience d'enseignant, son amour des livres et des élèves, son rapport à la fiction et à l'imaginaire. Entretien.

Label France : Comment vous définiriez-vous ?

Daniel Pennac : Si en m'interrogeant vous imaginez interroger un intellectuel, vous vous trompez, je suis romancier. C'est-à-dire presque le contraire d'un intellectuel. La première obligation du romancier est, en effet, de poser ses valises conceptuelles et de faire en sorte que toute idée soit incarnée. Si vous pouvez résumer un roman par l'idée qui l'a fait naître, il est raté en tant que roman. C'est un essai dissimulé en roman, ce qui est une spécialité française. Céline, qui n'était pas à une provocation près, a tout de même dit quelque chose de très juste : « En matière de roman, il n'y a rien de plus vulgaire qu'une idée. » Je me définirais donc comme un raconteur d'histoires métaphorant.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Lorsque Benjamin Malaussène déclare à sa Julie : « Julie, je t'aimerai toujours », elle lui répond avec une certaine sagesse : « Contente-toi de m'aimer tous les jours. » C'est ainsi que je vois l'avenir : la conscience passionnée d'un quotidien qui ouvre sur du lendemain. L'avenir « en soi » n'a pas de sens.

Que pensez-vous de l'avenir de l'écrit, du livre à l'heure des nouvelles technologies de la communication ?

L'ordinateur aura-t-il raison de Gutenberg ? Non, je ne crois pas que le livre, et plus généralement l'écrit, c'est-à-dire ce voyage intersidéral que nous avons fait pour passer du signe au sens au moment où nous avons appris à lire, soit menacé par d'autres modes d'expression. J'attribue un grand pouvoir à l'écrit. J'ai la faiblesse de penser que la découverte d'un mot comme « maman », c'est-à-dire le passage intellectuel de la succession des signes les plus arbitraires à la signification la plus intime, crée un choc dont on ne se remet pas, et que ce choc nous lie définitivement à l'écrit.

« L'écrit crée un choc
dont on ne se remet pas »

Les nouvelles technologies, l'internet, etc. ? Ce n'est pas la première fois que l'écrit sera dévoyé par des pratiques minimalistes ou utilitaristes. Mais, après tout, l'écrit est autant dévoyé par un mauvais roman, si ce n'est plus. Enfin, l'écrit et le livre ont toujours eu en France une place à part. Notre culture du roman nous tient autant à cœur que notre culture alimentaire.

Dans votre ouvrage sur la lecture Comme un roman, vous promulguez les dix droits imprescriptibles du lecteur, dont celui de ne pas lire, comme moyen de réconcilier certains jeunes avec les livres.

L'urgence est de réconcilier ces enfants avec la lecture. Personnellement, je le fais dans les classes en lisant les romans à voix haute, en leur parlant de littérature, en leur « racontant des histoires ». Comme un roman avait pour vocation de présenter ma pratique dans ce domaine sans pour autant l'ériger en « méthode ».

Le problème des enfants qui vivent dans les énièmes cercles de la banlieue, ce n'est pas qu'ils sont atteints d'illetrisme, ce n'est pas qu'ils perdent le goût de lire, c'est qu'ils n'ont même plus le langage oral, parce qu'ils n'ont personne à qui parler. L'oralité est la première des choses qui se perd dans les banlieues où les gosses sont « parqués » dans des blocs, où ils se constituent nécessairement en bandes, où le langage est réduit à des codes de reconnaissance internes à la bande, donc à sa plus simple expression. Les seuls endroits où les jeunes peuvent aller, c'est l'hypermarché, et au bout de la chaîne de l'hypermarché, il y a la caissière, à laquelle on ne parle que de chiffres.

L'école remplit-elle alors son rôle d'ouverture ?

Avant toute chose, l'école est acculée à jouer un rôle de réinsertion. L'instituteur qui arrive vers ces enfants-là doit, avant de leur apprendre à lire et à écrire, leur enseigner, un, à se comporter, deux, à parler, bref à communiquer, à tenir compte de la présence d'un interlocuteur... C'est, en soi, un énorme travail, qui précède la simple transmission d'un savoir.

A vos yeux, que faudrait-il réformer en matière de pédagogie et d'éducation ?

Je n'ai pas de position théorique sur ces questions, parce que je suis bien placé pour savoir que quelque position théorique que l'on ait, il y a toujours un moment, le 6 ou le 7 septembre, quand on rentre en classe, où on est seul devant 35 individus, qui vont constituer une entité vraiment particulière, différente de la classe d'à côté et de toutes celles qu'on a eues. Et à l'intérieur de cette entité, il y a 35 individualités, dont il faut absolument que je tienne compte individuellement si je veux les faire progresser dans quelque domaine que ce soit.

La gymnastique intellectuelle du professeur consiste à créer une dynamique à l'intérieur de ce groupe sans jamais nier aucune des individualités qui le composent. Ce qui ne fait pas partie de ce qu'on ensei-gne aux enseignants, mais qui est la réalité quotidienne de leur travail. Parce que si je nie un élève en tant qu'individu ou au contraire si je l'investis de trop d'attention, le climat de la classe va être déstabilisé.

Le professeur doit donc « gérer », comme on dit aujourd'hui, et instinctivement, ce genre de problèmes, qui ne sont pas à proprement parler des problèmes pédagogiques, mais comportementaux et affectifs. Si ces dimensions ne sont pas prises en compte, si on ne s'occupe que des « bons » élèves, la pédagogie devient une espèce de mécanique aveugle qui ne touche que 10 % des enfants scolarisés. Nous autres professeurs devrions pouvoir faire preuve d'attention réelle, de patience, et aussi d'une certaine gratuité dans nos relations avec les élèves. C'est peut-être cela qu'ils appellent le « respect ».

Mais la transmission des connaissances à l'école est de moins en moins désintéressée.

Bien entendu. Nous, les professeurs, avons tendance, pour notre propre confort méthodologique et pour atteindre les objectifs « rentables » qui nous sont assignés, à nous comporter comme des usuriers : il faut que ça rende, et que ça rende vite ! Je te donne une leçon ce soir, il faut que tu me la récites demain. C'est évidemment nécessaire pour donner aux enfants l'habitude de la régularité dans le travail, mais c'est tout à fait insuffisant pour m'assurer que cette leçon sera assimilée et qu'il en restera quelque chose dans dix ans.

De la même façon, pour fabriquer de vrais lecteurs, il faut avoir de temps en temps recours à de l'informel. Par exemple, dans ma classe de seconde [deux ans avant le baccalauréat], sur six heures de français par semaine, je réservais systématiquement deux heures, à parler de la littérature pour elle-même, à lire des romans par enthousiasme de lecteur. Hors programme et sans aucune exigence de restitution. A force de lire, de raconter des romans, de proposer des livres aux élèves et de les faire tourner dans la classe, à la fin de l'année, les 35 élèves ont nécessairement rencontré un roman, un auteur, et, de fil en aiguille, d'autres romans du même auteur, d'autres auteurs de la même famille littéraire, etc.

Si on raisonne en terme d'objectifs, en tant que professeur de lettres, mon objectif est double : préparer les élèves au baccalauréat, et, si j'arrive à m'organiser, prendre le temps de fabriquer des lecteurs à long terme. En espérant que, ce faisant, je fabrique en même temps des hommes et des femmes dignes de fréquentation, et qui en profitent pour penser un petit peu par eux-mêmes. Mais cet enseignement-là ne peut passer que par l'exemple et par la valorisation d'une certaine gratuité.

Quels sont, pour vous, les dix livres que vous retiendriez du XXe siècle ?

A la Recherche du temps perdu, de Proust. C'est « Le Livre », comme Ulysse de l'Irlandais Joyce. Il y a vraisemblablement le Voyage au bout de la nuit de Céline, qui représente l'intrusion d'une pratique de la langue absolument stupéfiante. Cela dit, autant Proust me donne envie d'écrire, autant Céline me coupe la plume au ras de l'encrier, son écriture m'enthousiasme mais me pétrifie.

Je citerais aussi la Conjuration des imbéciles, qui a eu un destin très émouvant ; écrit par un jeune Américain dans les années 60, John Kennedy Toole, qui essaya d'imaginer un Don Quichotte à l'heure de la psychanalyse, c'est-à-dire un schizophrène délirant et drolatique, conjurant son entourage d'avoir le sens des réalités. Ce roman était tellement fou que J. K. Toole a cherché à le publier pendant dix ans et s'est suicidé parce qu'il n'y arrivait pas. Sa mère a repris le combat pendant un vingtaine d'années et a finalement réussi dans les années 80. Le livre a eu le prix Pulitzer - décerné par ceux-là mêmes (ou leurs cousins) qui avaient poussé l'auteur au suicide.

Autre roman formidable du XXe siècle, que je place très haut, c'est le Maître et Marguerite du Russe Boulgakov, ouVie et Destin de Vassili Grossman, un roman bouleversant sur la bataille de Stalingrad et la profonde perversité du stalinisme, qui a valu à son auteur d'être exclu du Parti communiste, de l'Union des écrivains et d'être déporté. Il y a encore Cent ans de solitude du Colombien Gabriel Garcia Marquez mais peut-être davantage l'Amour au temps du choléra.

« L'enseignement ne peut passer
que par une certaine gratuité »

Il y a aussi deux « Joyce » italiens, Carlo Emilio Gadda avec l'Affreux Pastis de la rue des merles, roman polyvoque et polydialectal, et Italo Svevo, la Conscience de Zeno. Ce sont des romans prodigieux, il faudrait aussi citer Italo Calvino, surtout les livres apparemment les plus simples, qui sont en réalité assez complexes, le Chevalier inexistant, le Vicomte pourfendu, le Baron perché. Nabokov aussi, Américain d'origine russe, dont je retiendrais Lolitaet un roman moins connu la Méprise. Le Polonais Witold Gombrowicz, dont il faut lire Ferdydurke, qui est un roman allégorique sur le préjugé de la maturité et de l'immaturité.

Revenons à votre « saga policière ». La famille Malaussène est complètement farfelue. Le frère aîné élève ses frères et sœurs à la place de sa mère, grande amoureuse qui va de conquête en conquête. Comment avez-vous inventé ces personnages ?

Le personnage de Benjamin Malaussène, qui est le père, (mais sans avoir commis le « péché originel » de la conception), de sept ou huit gosses complètement cinglés, est au fond un décalage romanesque de la vie que j'ai menée pendant trente ans en m'occupant des enfants des autres. Mes enfants à moi, ce sont 3 500 enfants des autres ! Il faut dire que la classe pour un romancier est une mine incroyable de modèles d'adolescents et de familles. C'est le lieu d'observation sociale par excellence. Dans une classe, vous avez le système social tout entier, surtout si tous les milieux sociaux y sont mélangés, comme c'était le cas dans les quinze dernières années de ma vie par la vertu d'une directrice qui réussissait vraiment le « melting-pot ».

Et le personnage de la mère ?

Cette femme qui bénéficie de la bienveillance de ses enfants, notamment parce qu'elle est sûrement d'une étrange beauté, dont ils ne se remettent ni les uns ni les autres, qui mène sa vie d'amoureuse aventurière et renaît vierge de chaque couche, est une assez jolie blague romanesque. Parce que, elle aussi, repose sur une femme réelle que j'ai rencontrée. C'est ce qui est plaisant, piper les dés au point que les choses les plus extravagantes soient en réalité celles qui ne sont pas le fruit de votre imagination.

Daniel Pennac et le dessinateur Jacques Tardi, une complicité qui a abouti à la parution d'une BD, la Débauche, en 2000.

Le personnage de Julie [la compagne de Benjamin] est, lui, un archétype, celui de la journaliste de gauche baroudeuse, militante, émancipée, prosélyte, très agaçante. Tout le jeu littéraire consistait finalement à l'humaniser. Et comment, si ce n'est en la plongeant dans cette tribu de cinglés qui sont tous affectivement dévorants, parfaitement odieux, mal élevés, mais au fond attachants ? Mon travail a consisté à introduire Julie en amour, à faire d'une militante une amoureuse. Les gens de ma génération affichaient une prévention contre l'amour déclaré, contre l'aliénation à l'affect, que j'ai toujours trouvée ridicule parce qu'il n'y a réellement que ça qui vaille la peine d'être vécu et qui valorise absolument tout le reste.

Dans vos romans, on sent bien ce qu'aimer une femme peut représenter pour un homme. L'amour est une chose « sérieuse ».

Je suis heureux que cela transparaisse, c'est au fond très personnel. Pour tout vous dire, dès que je suis un peu objectif, je ne trouve pas que le jeu de la vie vaille la chandelle, mais comme on n'en a pas d'autres ! Je n'ai rien trouvé de mieux pour rendre la vie attachante que ce qui relève de l'amour, de l'amitié, du sentiment. Mais il est très difficile d'en parler, parce que nous vivons dans un pays où, au moins depuis le XVIIe siècle, vous flatterez quelqu'un en lui disant qu'il est trop intelligent pour avoir du cœur et vous l'insulterez en lui disant qu'il a trop de cœur pour être intelligent.

Ce discrédit du sentiment est-il d'après vous propre à la France ?

Le sentiment est en réalité méprisé dans toutes les sociétés les mieux structurées. On s'en méfie partout parce qu'il représente une force de subversion terrible. Il est absolument inadmissible de penser que l'on puisse vivre par l'énergie que diffuse quelque chose d'aussi aléatoire, d'aussi irrationnel et gratuit que le sentiment ! D'où le mariage, d'où la sacralisation, d'où l'éternité de cette étrange menace, « mariés à vie », pour canaliser cette source d'anarchie qu'est l'amour. Si les règles du jeu de l'amour sont dictées par les structures politiques et économiques de chaque pays, il n'en reste pas moins que le sentiment à l'état brut peut apparaître dans n'importe quelles circonstances, absolument partout, et flanquer une pagaille monstre dans le « système » !

« L'enseignement ne peut passer
que par une certaine gratuité »
Craignez-vous que la place de l'imaginaire recule dans nos existences sous l'effet de l'emprise toujours plus grande de la technologie ?

La place de l'imaginaire dans la vie humaine est vitale. Selon moi, le domaine de la création artistique quelle qu'elle soit joue pour la société entière le rôle que le rêve nocturne joue chez nous individuellement. Tout se passe comme si la création artistique était une sorte de production de l'inconscient collectif projetée sur les écrans, le papier, les toiles, les formes, la scène... Partout où vous empêchez cette libre expression du rêve communautaire, la société devient folle, comme ce fut le cas de la société nazie, du totalitarisme stalinien, ou aujourd'hui des sociétés intégristes. Le rêve a réellement une fonction vitale, même chez les animaux. Je crois que l'artiste, de ce point de vue, remplit une fonction à la fois gratuite, non rentable et thérapeutique pour la société. Sa folie nous préserve de la folie.

Propos recueillis par Anne Rapin

 

 
Repères bibliographiques

De Daniel Pennac :
 La Débauche, bande dessinée avec les dessins de Jacques Tardi, éd. Futuropolis et Gallimard, Paris, 2000.
 Aux fruits de la passion, éd. Gallimard, Paris, 1999.
 Des Chrétiens et des Maures, éd. Gallimard, Paris, 1999.
 Messieurs les enfants, 
éd. Gallimard, Paris, 1997.
 Monsieur Malaussène, éd. Gallimard, Paris, 1995.
 Comme un roman, éd. Gallimard , Paris, 1992.
 La Petite Marchande de prose, éd. Gallimard, Paris, 1989.
 La Fée Carabine, éd. Gallimard, Paris, 1987.
 Au bonheur des ogres, éd. Gallimard, Paris, 1985.

La plupart de ces titres ont été traduits dans une trentaine de langues, dont le chinois, le danois, l'hébreu, l'italien, le japonais, le néerlandais, le portugais, le russe, le tchèque, le turc, le vietnamien.

 

https://web.archive.org/web/

 


 

Ah! que de plaisir j'ai eu grâce aux quatre romans de la famille Malaussène de Pennac! Que d'imagination! Jusqu'aux titres des trois premiers livres qui parodient d'autres oeuvres célèbres! Il est très difficile de résumer un tel univers, heureux mélange de roman policier, de philosophie, d'incitation à la tolérance.

Les Malaussène, c'est d'abord l'histoire de Benjamin Malaussène, frère (!) de famille, qui travaille comme bouc émissaire, d'abord dans un grand magasin (le premier volume), puis dans une maison d'édition. Benjamin élève ses frères et soeurs, tous nés de pères différents mais de la même mère.

Benjamin est toujours innocent des crimes qui se commettent dans son entourage mais en qualité de bouc émissaire, c'est toujours vers lui que convergent tous les soupçons; à chaque fois, les apparences sont toutes contre lui.

Dans le premier volume, c'est une série d'alertes à la bombe dans le grand magasin où travaille Malaussène qui est au coeur de l'intrigue, en même temps que nous faisons connaissance avec sa famille.

Dans le second volume, il est question de trafic de drogue, mais où les revendeurs ciblent les personnes âgées comme clients: pourquoi ne pas vendre des paradis artificiels à des vieillards, qui sont souvent en moyens, et qui n'attendent que leur entrée au Paradis?

Dans le troisième, Malaussène accepte de servir de prête-nom à un auteur de roman qui désire rester anonyme; cela lui vaut une balle dans la tête et il passe une bonne partie du volume entre la vie et la mort pendant que les siens cherchent le coupable. Un livre absolument extraordinaire!

Un nouveau sommet dans le délire et l'imagination est atteint dans le quatrième volume, où Benjamin et sa Julie décident d'avoir un enfant. Que de péripéties, que d'événements, que de rebondissements! Une brochette de personnages extravagants, du jouissif docteur Bertold aux employés de la morgue, des collectionneurs de tatouages (sur des cadavres) aux amateurs de cinéma font de ce livre une conclusion extraordinaire à la série.

Le seul irritant, à mon point de vue, et on s'y habitue à la longue, est l'utilisation continuelle d'argot français dans les dialogues, avec lequel, nous du Québec ne sommes pas totalement familiers.

Un dernier livre est sorti récemment, Des chrétiens et des maures (c'est le nom d'un plat semblable à du chili con carne), d'une centaine de pages à peine et il est passablement moins intéressant.
 

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Clara qui se marie en blanc avec un directeur de prison de 40 ans son aîné, Benjamin qui démissionne pour la cinquantième fois, la Reine Zabo qui le rattrape pour la cinquante-et-unième et Julius, le chien, qui promène sa sagesse toute langue dehors : la routine, en quelque sorte, pour la tribu Malaussène ! Mais voilà que le mariage déraille. Et Benjamin se retrouve embarqué dans une nouvelle histoire à dormir debout, l'une de ces histoires qu'il aime lire à toute sa tribu réunie en cercle autour de lui, le soir avant de dormir. Sauf que cette fois, tout est vrai...

Après Au bonheur des ogres et La Fée carabine, Daniel Pennac nous offre quelques heures de bonheur supplémentaires en donnant une suite aux aventures de la tribu de Belleville : elle nous envahit comme une drogue et on a de la chance si l'on parvient à s'en tenir à une seule lecture ! On murmure même que certains lecteurs lisent en boucle la saga en attendant la suite : heureusement qu'elle ne tarde jamais trop longtemps... Merci Monsieur Malaussène ! --Karla Manuele

SDM
Par un auteur pour qui "l'histoire est la politesse du style" et qui a déjà fait sa marque dans la Série noire et dans la littérature de jeunesse, un roman sarcastique qui est à la fois la mise en pièces de la littérature industrielle (genre P.-L. Sulitzer) et "la défense et illustration de la Littérature elle-même, ses miasmes, mais aussi ses fastes, ses vanités, mais aussi ses passions, ses pièges, mais aussi ses plaisirs" (B. Audusse). Ce texte se rapporte à l'édition Broché.

LA BIOGRAPHIE DE DANIEL PENNAC

Né au Maroc d'un père officier de la coloniale, Daniel Pennacchioni grandit en Afrique et en Asie du Sud. Il obtient sa maîtrise de Lettres à Nice et commence par être professeur de Lettres dans un collège de Soissons. Il s'installe à Belleville qu'il se plaira à décrire dans ses romans. En 1973, il publie son premier essai : 'Le service militaire au service de qui ?' un pamphlet sur le service national. Puis il écrit pour les enfants.

Daniel PENNAC est né en 1944 à Casablanca. au Maroc, dans une famille de militaire. La profession de son père, polytechnicien devenu militaire par goût du voyage, l’amène à résider dans différents pays d’Afrique et d’Asie du sud-est pendant son enfance (Djibouti, Ethiopie, Indochine...). Il as passé son enfance au gré de garnisons en Afrique et en Asie du Sud-Est, avant d'obtenir, à Nice, une maîtrise de lettres et d'opter pour l'enseignement.

Ses premiers romans étaient des romans burlesques et des livres pour enfants. Lors d'un séjour au Brésil et à la suite d'un pari, il découvrit la "Série noire". C'est ainsi qu'en 1985 son premier livre, Au bonheur des ogres, de cette série d'aventure de Benjamin Malaussène fit sa sortie.

Il vit ensuite dans le sud de la France, obtient son premier poste d’enseignant en 1970 à Soissons, avant de s’installer définitivement à Belleville, quartier populaire et cosmopolite de Paris qui constitue le cadre de sa saga des Malaucène qui a établit sa notoriété. Il était jusqu’à récemment professeur de lettres, et tient à garder un contact avec l’école en allant y présenter ses romans.

alias Daniel Pennac, dut prendre un nom de plume pour publier son premier roman, une satire de l'armée, afin de ne pas nuire à son père officier.

En 1985, il donne le jour à la famille Malaussène avec 'Au bonheur des ogres'. Il y impose son style : rythmé, glissant, espiègle. L'alchimie se produit et avec ce qui devient la Saga des Malaussène ('La fée carabine', 'La petite marchande de proses' -Prix Inter 1990-, 'Monsieur Malaussène' et 'Aux fruits de la passion') naît une potion de succès. Potion qu'il épice en 1992 par un essai sur la lecture, 'Comme un roman', dans lequel il définit les droits du lecteur. En 1997, autre roman, 'Messieurs les enfants', ou un conte adressé aux grands enfants que nous sommes tous. Avec une adaptation cinéma à la clé, par Pierre Boutron. 'Merci' paraît en octobre 2004 aux Editions Gallimard.

Daniel PENNAC fut pensionnaire de la cinquième à la terminale, et acquiert très tôt le goût de la littérature, encouragé en cela par son père et son grand frère. Il évoque régulièrement le souvenir de ses lectures de jeunesse, parmi lesquelles figurent La saga de Gösta Berling de Selma Lagerlof, Guerre et paix de Tolstoï, ainsi que les oeuvres de Dostoïevski, Lermontov, Thomas Hardy et Shakespeare.

Il publie son premier livre à l’âge de 25 ans, un essai sur le service militaire pour lequel il prend le pseudonyme de PENNAC pour ne pas « gêner son père ». Il écrit ensuite des livres pour enfants, après avoir décidé de privilégier le plaisir du récit par rapport à la volonté de faire "sens".

« Quand on veut être romancier, il faut raconter des histoires. (...) Qu’ensuite ces histoires génèrent du sens ou pas, c’est l’affaire du lecteur et éventuellement celle de l’auteur de distiller le sens qu’il veut. Mais ce qui me plaît, c’est de faire plaisir en racontant des histoires. »
 

À ces fictions s’ajoutent d’autres types d’ouvrages : un essai sur la lecture, “Comme un roman”, deux ouvrages en collaboration avec le photographe Robert Doisneau et “La débauche”, une bande dessinée, avec Jacques Tardi.
Il a mis fin en 1995 à son métier d’enseignant pour se consacrer entièrement à la littérature. Toutefois, il continue d’avoir un contact avec les élèves en se rendant régulièrement dans les classes.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Le grand Rex Editions du Centurion 1980
Cabot caboche Nathan et Pocket jeunesse 1982
L'oeil du loup Nathan 1984
Au bonheur des ogres Collection Folio, Gallimard 1985
La fée carabine Collection Folio, Gallimard 1987
La petite marchande de prose Collection Folio, Gallimard 1989
Comme un roman Collection Folio, Gallimard 1992
Kamo et moi Gallimard jeunesse 1992
Kamo, l'agnece Babel Gallimard jeunesse 1992
Kamo, l'idée du siècle Gallimard jeunesse 1993
Sang pour sang, le réveil des vampires Gallimard 1993
Miro: Le tour du ciel Pennac La petite collection 1994
Monsieur Malaussène Collection blanche, Gallimard 1995
Monsieur Malaussène au théatre Gallimard Blanche 1996
Vercors d'en haut; La réserve naturelle des Hauts Plateaux Milan - Baux livres 1996
Messieurs les enfants Collection blanche, Gallimard 1997
Des Chrétiens et des maures Collection blanche, Gallimard 1997
Lévasion Kamo Gallimard jeunesse 1997
Cabot-Caboche (19 octobre 1998) de Daniel Pennac, Catherine Reisser(Illustrations)
Messieurs les enfants (5 octobre 1999) de Daniel Pennac -- Poche
Write to Kill (octobre 2000) de Daniel Pennac, Ian Monk (Traduction) -- Broché
Passion Fruit (21 juin 2001) de Daniel Pennac, Ian Monk(Traduction) -- Broché
Eye of the Wolf (2 décembre 2002) de Daniel Pennac -- Broché
L'Oeil du loup (16 octobre 2003) de Daniel Pennac
Dog (janvier 2004) de Daniel Pennac, et al -- Relié
Kamo's Escape (février 2, 2004) de Daniel Pennac -- Broché
Como Una Novela (mai 2005) de Daniel Pennac -- Broché


Daniel Pennac was born in Casablanca in 1944 in a French military family, and was raised in Africa and South-East Asia. He eventually became a French Literature teacher in Nice, in the South of France, and began writing children's books with Cabot Caboche, published in 1982. The idea to write thrillers came to him during a trip to Brazil. His first Malaussene novel came out 1985. Since then, Pennac has become a best-selling author and French literary phenomenon.


Nederlands

Wat zich in de eerste hoofdstukken aandient als een burleske thriller à la San Antonio (die overigens als Frédéric Dard nogal wat vlakke speurdersromans op zijn naam heeft staan), dreigt zich vervolgens te ontwikkelen tot een gitzwarte tragedie. Hoofdpersoon Benjamin Malausscène, stand-in voor een auteur van bestsellers, wordt dodelijk getroffen door een kogel en zijn vriendin Julie wreekt zich genadeloos in veelvoud. Maar wat is waar in dit verhaal? Al snel blijken binnen het warnet van lijnen ook andere interpretaties mogelijk. De lezer tuimelt van de ene verrassing in de andere en leest ademloos verder hoe de Malausscène-clan orde op zaken stelt. Een gecompliceerde plot vol spanning en humor, glashelder uit de doeken gedaan door een rasverteller.