New York Miami 90 : coast to coast : l Ámérique revisitée

Après les deux livres d'images, "Lumières du jour" et "Zenata Plage", Les Humandides Associés rééditent les premiers albums du tandem Loustal-Paringaux, qui s'est fait connaître ces dernières années en publiant coup sur coup deux albums au succès foudroyant "Coeur de Sable" et "Barney et la Note Bleue". Leur collaboration a pourtant commencé il y a bien plus longtemps, lorsque Loustal fournissait de nombreuses illustrations pour Rock & Folk, dont Paringaux était justement le rédacteur en chef... Leurs premières histoires courtes en noir et blanc y furent publiées avant de rejoindre les pages de Métal Hurlant, Ce sont elles, plus quelques autres, que l’on retrouve dans cette nouvelle édition de "New York - Miami 90", entièrement revue, corrigée et mise en couleur par Loustal. Ces histoires courtes qui pourraient aussi bien sortir de n'importe quelle feuille de chou "ricaine" (rubrique faits divers tendance nécrologie), imposent d'emblée leur style.

Par leur méthode de travail, qui consiste à associer des images et un texte "off", les deux auteurs trouvent le moyen idéal d'une lecture à deux niveaux. L'image s'impose tout d'abord, entière et sans les cassures violentes provoquées par ces misérables bulles blanches qui frustrent l'illustrateur, puis le texte ajoute certains éléments absents de l’image et guide l’interprétation du lecteur.

Le rapport entre le texte et l'image est travaillé de telle façon, que les auteurs peuvent sans cesse jouer sur tous les décalages possibles. La construction du récit devient plus ouverte, et ses déclinaisons possibles plus nombreuses.

A l'époque de la sortie de "Coeur de Sable“. Paringaux expliquait : "La technique d'écriture met en avant les comportements, pas la psychologie des personnages. Je préfère donner au lecteur des sensations plutôt que des certitudes. Le côté ambigu, pas toujours très clair du récit, est voulu : pour laisser de l'espace au lecteur, ne pas penser pour lui." L'Amérique est choisie non seulement pour le pouvoir évocateur des images qu'elle véhicule chez nous autres européens, mais aussi parce que dans la mémoire de Philippe Paringaux se cachent de profondes réminiscences de littérature américaine... Flirtant sans jamais décalquer avec les Hemingway, Faulkner, Caldwell, Thompson et tant d'autres, ses histoires accompagnées des illustrations de Loustal se mettent à vivre étrangement, en laissant sur leur traînée des images de films noirs, poisseux, fatalistes...