 
1993 COULEUR
DIRECTE
Édition en 3 langues : français, allemand, anglais.
- Chef d'oeuvres de la nouvelle bande dessinée Française
-
Meisterwerke des neuen franzosischen Comics
-
Masterpieces of the new French Comics
Catalogue de l'exposition du même nom au salon international de Hambourg en
mai 1993. Articles de Didier Moulin, Thierry Groensteen, Gilbert Lascault et
Patrick Gaumer.
ISBN 3-923102-86-0
COULEUR
DIRECTE Ausstellungs- Katalog zum 1. Internationalen Comic Salon
Hamburg 27.05- 30.05.1993. Meisterwerke des neuen französischen
Comics mit Bildern und Bio- Bibliographie von
Alex Barbier, Edmond Baudoin; Beb-Deum, Philippe Bertrand, Frederic
Bezian, Enki Bilal, Max Cabanes, Jean-Claude Claeys, Nicolas De Crecy,
Michel Crespin, Jean-Claude Denis, Didier Eberon,Dominique Gelli, Annie
Goetzinger, Jean-Claude Gotting, Emmanuel Guibert, Joly Guth, Rene
Hausman, Loustal, Moebius, Joel Mouclier, Jean-Michel
Nicollet, Francois Schuiten, Jacques Tardi, Stefan Thanneur, Alex
Varenne, Vink.

1993 Domenica Portfolio

Anlässlich der Internationalen
Comic-Tage in Hamburg 1993 entstand auf dem Kiez diese
aussergewöhnliche Kooperation zwischen der "Hure mit dem größten
Herz" und nahmhaften Comicgrössen wie Bengen, Bertrand, Cabanes,
Crepax, Liberatore, Loustal, Putzker, Scheuer und Varenne. Daraus
enstand ein mondänes Portfolio mit 9 Bildern, welche Domenica Anita
Niehoff auf
ganz eigene Weise interpretieren. Die DIN A-3 Mappe ist auf 200
Exemplare limitiert und nummeriert - Offsetdruck.
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Ce bleu californien vient tout droit de chez Hockney, mais le
personnage solitaire sur la terrasse appartient plutôt à Hopper.
Loustal, Arrière saison page 17, fragment (technique mixte),©
Albin Michel, 1985.

Bio-bibliographie LOUSTAL
[1993]:
COULEUR DIRECTE
(pseudonyme de Jacques DE LOUSTAL)
Illustrateur original, coloriste rompu à toutes les disciplines (de l'encre à
l'aquarelle, en passant par le lavis), Loustal sait restituer, avec sensibilité,
l'atmosphère d'un lieu, l'état d'âme d'un personnage.
Né en 1956, à Neuilly-sur-Seine (France)
Après une formation artistique au Lycée de Sèvres,
Loustal publie ses premières illustrations, en 1977, dans "Cyclone" et
"Rock and Folk" (reprises dans Une Vespa, des lunettes noires, une
Palm-Beach, elles voudraient en plus que j'ai de la conversation - éditions Rudler -
1980).
S'associant avec Paringaux, il entre à "Métal Hurlant" en 1979, et dessine
de courts récits (réédités dans New-York, Miami*, et Clichés
d'amour, aux Humanoïdes Associés, en 1980 et 1982). Il figure également aux
sommaires de "Pilote", "Nitro", "Zoulou", "Chic"
et "Libération" (album Viviane, Simone et les autres - éd. Futuropolis,
en 1985).
Présent, dès 1984, dans "A Suivre", il y signe Coeurs de sable,
Barney et la note bleue, Un Jeune homme romantique (sc. Paringaux) et Les
Frères Adamov (sc. Charyn). Pour Albin Michel et "L'Echo des
Savanes", il conçoit Arrière-Saison (1985) et Mémoires avec
dames (texte de Fromental - 1989).
En tant qu'illustrateur, il participe à de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Zenata
Plage (Magic-Strip 1984) V comme Engeance (texte de Tito
Topin - Autrement, en 1988) ; Carnet de voyages (Futuropolis 1990) Sous la
Lumière froide (texte de Mc Orlan - Futuropolis / Gallimard, en 1992), etc.
1993
La bande dessinée est-elle soluble
dans la couleur directe ?
Depuis quelques années, des voix s'élèvent pour déplorer que la
bande dessinée soit en train de perdre son assise populaire pour devenir
un genre élitaire, un art de musée. Pourquoi se le dissimuler? La
couleur directe comporte et implique ce risque. Oui, elle peut sans doute
conduire à une dénaturation du médium. Du point de vue théorique, il
me semble que le débat sur ce point se résume, en réalité, à une
seule question. Y a-t-il ou non contradiction entre les deux modes de
participation distincts et concurrents que semble réclamer du lecteur une
BD ostensiblement picturale : la projection dans l'univers du récit,
d'une part (soit une participation de nature logique, associative et
affective), et la jouissance esthétique (participation contemplative),
d'autre part? Peut-on consommer l'image comme une parcelle d'univers,
c'est-à-dire la traverser pour qu'elle nous conduise ailleurs, et
parallèlement la goûter comme un tableau, ce qui implique de s'y
arrêter et d'en privilégier la surface? Peut-on adopter ces deux
attitudes dans le même instant ou presque, comme le requiert un médium
séquentiel où l'on est toujours déjà sollicité par l'image suivante?
Est-ce qu'elles n'impliquent pas des relations différentes au temps, le
temps de la lecture se révélant incompatible avec le temps de
l'imprégnation sensible, de l'abandon aux résonances? Si tout cela
était vrai, le danger serait alors qu'en se rapprochant de la peinture,
la bande dessinée gagnera peut-être un public d'esthètes mais perdra
une partie importante de son lectorat, celle pour qui la BD est synonyme
de fiction, d'évasion et de lecture facile.
Je crois, quant à moi, qu'entre ces deux dimensions existe en effet
une tension, mais pas nécessairement une contradiction. Une bande
dessinée picturale n'est pas une création foncièrement paradoxale.
Seulement, cette tension entre l'efficacité narrative et le supplément
d'être qui nait de la picturalité doit être travaillée dans un sens
positif, s'inscrire de façon pertinente dans le projet artistique global
de l'auteur. L'oeuvre de Vink est à cet égard une parfaite réussite, et
Thierry Smolderen a bien analysé comment s'opèrent, chez lui, les
«échanges d'influence» et les «déterminations réciproques» entre la
matière du dessin et l'action du récit (15).
On observera aussi que ces maîtres de la couleur directe que sont, par
exemple, Bilal, Mattotti et Loustal, respectent une grande sobriété dans
la gestion de certains paramètres non chromatiques, et notamment de la
misse en page, qu'ils se gardent bien de «chahuter». On est d'autant
plus enclin à leur prêter l'attention contemplative qu'ils réclament,
que l'on n'est pas distrait par une débauche d'effets se voulant
spectaculaires. L' école de la couleur directe qui s'est développée
dans les comics anglo-saxons (où s'illustrent notamment Dave McKean,
George Pratt, John J. Muth, Kent Williams et bien sûr Bill Sienkiewicz)
se veut plus expérimentale. Elle a engendré quelques oeuvres très
fortes, mais verse volontiers dans une sorte de maniérisme. En témoigne
le recours massif à des procédés tels que les images à bords perdus,
l'introduction de trouées blanches dans le corps même de la planche, la
modulation de l'espace intericonique, le rejet de la bulle à l'extérieur
de la case, les ruptures de style, etc., qui ont pour effet de détricoter
les codes de la bande dessinée traditionnelle et surtout son espace
(16)
Quelquefois, le dessinateur paraît jouer sa propre partition, à
côté de la logique narrative voire contre elle, multipliant les
dissonances plutôt que les résonances. L'influence de ces «nouveaux
comics» est très sensible sur certains jeunes dessinateurs français,
comme Stéfan Thanneur ou Nicolas Guénet.
Il me semble que la couleur directe ne s'est jamais imposée avec
autant de force que chez Lorenzo Mattotti. Probablement parce que ses
oeuvres ne sacrifient jamais à la virtuosité technique ; la couleur
parait au contraire y procéder d'une sorte d'évidence ontologique, de
nécessité intérieure. L'auteur de Feux
n'a-t-il pas déclaré à
propos de ce livre : «Si j'avais été au bout de moi-même, j'aurais dû
avoir le culot de faire une histoire sur la lumière ou le changement de
lumière ... » (17)
Tel
est bien, en effet, l'horizon qu'une telle oeuvre semble ouvrir à la
bande dessinée picturale : ce moment où la mise en couleur du récit
cédera le pas à la mise en récit de la couleur.
Thierry Groensteen
15 Lire sa critique du Moinefou dans
Les Cabiers de la bande déminée no
60, p. 62_63.
16 Les Cahiers de la bande dessineé n° 82, semtembre 1988,
pp.12-15
17 Lorenzo Mattotti, Métamorphoses, Conversations avec Eddy Devolder,
Vertige Graphic, 1992, pp. 41-42.
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