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1998 UN P'TIT GARS DE GÉORGIE

Erskine Caldwell

UN P'TIT GARS DE GÉORGIE [1949], trad. de l'anglais par Louis-Marcel Raymond, 256 pages, 118 x 185 mm. Collection Du monde entier, Gallimard. ISBN 2070211762. 75,00 FF
Le même ouvrage , 192 pages sous couv. ill. [couverture / cover ] Loustal , 108 x 178 mm. Collection Folio (No 1059) (1998), Gallimard . ISBN 2070407705. 28,00 FF

Un enfant, le petit garçon de Morris Stroup, raconte la vie d'une famille pauvre de Géorgie. Le père, volage, paresseux, rusé, toujours embarqué dans des histoires compliquées et cocasses. La mère se «désâme» à faire des lessives pour nourrir son mari incapable. Un nègre, vaguement garçon de ferme et homme à tout faire, mêle son ahurissement perpétuel à tous les événements familiaux. Chaque tableau est comme un fabliau où l'on reconnaît la nonchalance et la merveilleuse insouciance de la poésie du Sud.

 

Un p’tit gars de Georgie est un recueil de nouvelles de Erskine Caldwell (1903 – 1987), écrivain oublié, peut-être parce qu’il fut le contemporain de Steinbeck et Faulkner. Comme eux, il décrit les États-Unis laborieux, ceux des gens pauvres qui vivent au jour le jour. Ce sont ici des fragments de vie de William Stroup, un p’tit gars de Sycamore, en Georgie, des scènes de la vie quotidienne, de petits événements au jour le jour.

Dans la famille Stroup il y a le père, Morris, un bon à rien qui tente de rattraper sa fainéantise par des combines souvent très hasardeuses, toujours égoïstes. Il n’a pas plus de morale que d’argent et peut se faire voleur à l’occasion. Quand sa femme Martha, qui trime pour deux, lui demande quelque chose, il commence par envoyer à sa place Handsome Brown, le Noir à tout faire de la maison, « un pauvre nègre orphelin qui a peur de revendiquer ses droits« , un brin fainéant aussi et terrorisé par son maître. C’est donc lui qui tombe dans le puits en allant déloger les chèvres grimpées sur le toit de la maison, c’est lui qui retourne la terre pour trouver des vers avant de partir à la pêche, lui encore qui récupère les objets de la voisine que Morris a frauduleusement vendus pour s’acheter une inutile paire de bottes. A la voisine qui lui demande où est son mari, Martha répond : « très probablement à dormir à l’ombre quelque part […]. A moins qu’il ne soit trop paresseux pour s’ôter du soleil. »

Ces nouvelles sont souvent drôles, en raison de la veulerie et de la fainéantise du père. On sourit quand Martha va récupérer son mari chez Mrs. Weatherbee qu’elle mord et traine par les cheveux, quand Morris Stroup se fait vendre une cravate et quand il mange son propre coq de combat.
Ce Morris Stroup est décidément bien loin de l’Américain travailleur, soucieux de sa famille et de son âme éternelle… A travers ce portrait féroce, Caldwell stigmatise les petits Blancs qui ont la pauvreté qu’ils méritent et qui parce qu’ils n’ont rien, persécutent ceux qui sont encore plus faibles qu’eux, à savoir les Noirs. Handsome Brown tente bien de fuir cette maison mais c’est pour trouver un emploi de punching-ball dans un cirque itinérant : pour dix cents, les Blancs peuvent lui envoyer des balles à la figure et gagner un cigare. Et si Morris Stroup n’est bon à rien, il fait merveille sur cette cible : c’est qu’il ne peut pas se permettre de perdre celui qui trime pour lui en échange de vieux vêtements, sans aucun jour de congé…

Erskine Caldwell ne juge pas, il observe et rapporte les faits. Aucune psychologie dans ces textes qui sont une peinture au premier niveau de la misère sociale et morale du Sud.

Difficile de dénicher ce petit recueil, je l’ai fait sortir de la réserve de ma bibliothèque municipale (il date de 1949, et la fiche de prêt de 1975…).



Un p’tit gars de Géorgie

Erskine Caldwell traduit de l’anglais par Louis-Marcel Raymond
Gallimard, 1949 (épuisé dans cette édition)

http://yspaddaden.com/2010/07/01/un-ptit-gars-de-georgie-erskine-caldwell/