2016
Planetebd: Black Dog Black Dog
Mais une fois sur place, il trouve son
amante en pleurs au bord de sa piscine : son gros chien
noir flotte entre deux eaux, noyé, lesté par une jante
de voiture. Que s’est-il passé ? Quelques jours plus
tôt, l’immigré polonais Stefan Slovik est encore mécano
chez Joe’s Garage, pour 50$ par semaine. Monsieur
Deville et ses hommes de main arrivent alors avec une
voiture fumante sous le capot. Le verdict de Joe est
simple : c’est la culasse. Il faut aller chercher la
pièce à Esperanza… mais pas maintenant, car c’est
l’heure de déjeuner. La réparation va donc prendre
quatre bonnes heures, malgré l’offre de payer du riche
Deville. Deville se retrouve contraint d’aller à la
cafeteria d’en face. Volontaire, Stefan prend
secrètement l’initiative d’aller cherche la pièce et de
la remplacer durant le déjeuner. Agréablement surpris
par cette initiative Deville le remercie en lui laissant
sa carte de visite, pour de futurs petits « jobs ». De
son côté, Joe remercie Stefan en le virant illico : dans
son garage, c’est lui qui décide. Stefan se retrouve
donc au chômage. Après une expérience foireuse de
plongeur dans un resto chinois – qui traite cet immigré
polonais comme une sous-merde – Stefan se décide à
appeler Deville. Le puissant parrain lui offre un
flingue, une photo et la somme de 2000$ pour exécuter un
contrat… Ce qu'on en pense sur la planète BD : En janvier 2012,
Jean-Claude Götting publiait Noir, un petit bijou de
polar… noir, situé dans les années 50, maîtrisé, glauque
et parfaitement immersif. Quatre ans plus tard, Loustal
convainc son ami d’en faire déjà une adaptation, mais à
une époque plus contemporaine (les années 70 et 80) et
en couleurs. Quelle idée bizarre… étant donné que la
première version était, déjà, on ne peut plus aboutie.
En revisitant cette histoire, Loustal voulait
transformer « un film roumain muet en noir et blanc » en
« production hollywoodienne ». Ouille, le constat est
plutôt inverse : on passe d’un roman graphique génial à
une resucée superfétatoire. On retrouve donc notre héros
immigré polonais, attiré par l’argent facile, embarqué
dans un contrat qui dépasse ses compétences.
L’enchainement des faits aboutit évidemment aux issus
tragiques, dont la mort du chien Noir (en anglais Black
dog… il y avait sans doute matière à faire plus inspiré
en matière de titre). Hélas donc, si l’intrigue tient
toujours son lecteur en haleine, en raison d’une trame
de base excellente, on rétrograde clairement sur le plan
graphique. Le redécoupage, les nouveaux cadrages
n’apportent rien… l’ajout de la couleur et de la clarté
semblent inadéquats à ce récit qui n’en réclamait
surtout pas. On y perd grandement en ambiance hard-boiled,
et la griffe naïve-basique-enfantine de Loustal ne
permet pas d’y gagner quoi que ce soit.
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