2009 Coronado / Loustal
Coronado (Reliure inconnue)
Auteurs : Dennis Lehane, Illustrations couleur Jacques de Loustal
Date de parution : 23/09/2009
Collection : Rivages / Casterman / Noir
Pages : 88
Prix : 17,00 €
ISBN : 9782203024625
« Aujourd’hui, je sors de prison et mon père vient me chercher au volant
d’une Buick Skylark volée, avec de la coke dans la boîte à gants et une pute
prénommée Mandy sur la banquette arrière (…) »
La première phrase de Coronado est à elle seule une splendide promesse de
polar. Et la suite ne déméritera pas. La fille de la banquette arrière a des
velléités d’écriture, le père borderline dissimule des comportements
psychopathes et le fils ex-taulard, rongé par le mal-être, a de gros trous
de mémoire. Dommage. Car tout ce qui motive ce petit monde, c’est de
retrouver un butin en pierres précieuses que le fiston a planqué plusieurs
années auparavant…sans parvenir à se souvenir où.
Pour son nouveau récit au long cours sous la jaquette de la collection
Rivages / Casterman / Noir, Loustal revient à son genre de prédilection, le
roman noir. Et s’adosse à une plume d’exception : celle de Dennis Lehane,
porté plusieurs fois à l’écran (Mystic River, Shutter Island) et encore une
fois unanimement célébré pour son dernier roman traduit en français, Un pays
à l’aube. Une équipe de choc.
Dennis Lehane
Collection : Rivages, n°646 Traduit de l’Anglais (EtatsUnis) par Isabelle
Maillet A partir du 9 mai 2007 Dimensions : 170 x 110 ISBN : 9782743616809
Coronado : stories
Dennis Lehane
New York : Wm. Morrow, ©2006.
Editie: 1st ed | 13 edities
ISBN: 006113967X 9780061139673
232 p. ; 22 cm.
Short stories : Running out of dog -- ICU -- Gone down to Corpus --
Mushrooms -- Until Gwen -- Coronado: a play in two acts.
Loustal participera à
l'intervention autour de la collection Rivages/Casterman/Noir pour laquelle
il adapte "Coronado", une nouvelle de Dennis Lehane, l'auteur de Mystic
River et Shutter Island (à paraître en septembre 2009)
Casterman rentre à son tour
dans la danse en s’associant à Rivages Noir. Nommés Rivages/Casterman/Noir,
ce nouveau label promet de porter en BD, dans des paginations fortes, des
œuvres issues d’un des catalogues de référence du polar.
http://en.wikipedia.org/wiki/Dennis_Lehane
Dennis Lehane (né le 4 Août 1965 à Dorchester dans le Massachusetts) est un
auteur de langue anglaise et d'origine irlandaise. Un de ses romans, Mystic
River, inspira le film oscarisé du même nom (Mystic River).
Dennis Lehane est tout d'abord l'auteur d'une ville, Boston, cadre permanent
des intrigues de ses romans à l'exception notable de Shutter island. Ses
cinq premiers romans, d'Un dernier verre avant la guerre jusqu'à Prières
pour la pluie mettent en scène un tandem de détectives privés, Kenzie &
Gennaro qui entretiennent une relation d'amitié amoureuse aussi tendre que
houleuse.
À la perfection d'intrigues particulièrement noires qui reflètent la dureté
d'une grande ville américaine aujourd'hui, Lehane oppose souvent la légèreté
d'un style d'écriture très ironique. Son thème de prédilection restant
l'enfance maltraitée, séquelle de son ancienne activité d'éducateur auprès
d'enfants en difficulté dans laquelle il puise des accents de vérité qui
donnent toute leur ampleur, et leur importance, à ses livres. Le quatrième
opus de la série Kenzie-Gennaro, Gone baby, gone, atteint à ce titre des
sommets d'intensité dramatiques rarement atteints dans le polar
contemporain.
Mystic river deviendra son roman le plus célèbre suite à l'excellente et
très fidèle adaptation qu'en fera Clint Eastwood, et même si l'on peut, a
posteriori, reprocher au livre quelques longueurs dans son dénouement, ainsi
qu'une certaine démesure dans le pathos (à laquelle l'histoire, terrible, se
prête admirablement), il demeure un modèle de construction et donne la
pleine mesure de la puissance de cet auteur que beaucoup ont considéré, dès
son premier livre, comme un futur (très) grand du roman noir.
Pour preuve son dernier livre, moins bien accueilli aux États-Unis que ses
précédents, qui opère un virage inattendu et d'une belle virtuosité autour
d'une sorte de mystère de chambre close... sur une île pénitentiaire pour
fous criminels dont s'échappe une folle matricide. Situé dans les années 50,
Shutter island est, pour certains, un pur chef-d'œuvre, un modèle de
savoir-faire littéraire autant qu'une parabole étonnante sur la
schizophrénie ; pour d'autres : une supercherie littéraire.
(Source Wikipédia)
NEU!
Loustal / Lehane: Coronado
€ 16,80 | broschiert | Farbe | 96 Seiten | Jacques Loustal · Dennis Lehane
ISBN: 978-3-941239-41-8
Als Bobby aus der Haft entlassen wird, steht am Tor sein Vater mit einem
gestohlenen Buick Skylark, ein paar Gramm Koks im Handschuhfach und der Hure
Mandy auf dem Rücksitz...
Mehr im Magazin
|
24 Heures, 2 dec. 2009 ; Rivages noirs en BD
Dédicace
Loustal croque Dennis Lehane et Chauzy Marc Villard. Tous deux
samedi á Lausanne
En Dédicace: Payot Lausanne sa 5 dec. 15h -17h 30
Samedi 5 décembre 2009 [15h-17h30] Signature BD : Loustal, Chauzy et
Villard
Rivages Casterman Noir. Bel après-midi pour les amateurs de BD avec
cette triple séance de dédicace qui verra Chauzy et Gabriel Germain aux
côtés de Loustal ! Les trois compères présentent les derniers titres
d’une nouvelle collection, qui reprend les meilleurs titres du roman
noir et les prolonge par une version graphique confiée aux grands noms
du moment. Ainsi Loustal s’est-il attaqué à Coronad ...
Lausanne Pépinet
Payot-Libraire
4, Place Pépinet, 1003 LAUSANNE
Tél 021 341 33 31,
Fax 021 341 33 45
Les "ex-libris" 180/180 des Super Héros Coronado :
LOUSTAL et Dennis DENNIS paru aux éditions Casterman/Rivages en septembre
2009 Etat : Disponible
http://www.librairie-superheros.com
BD:
17/10/2009 | 14:55par Xavier RICHARD
Coronado, du pur Lehane en BD
Coronado, ça sonne comme une marque de bière mais ça
se lit comme du petit lait, l'amertume en plus...
Figure bientôt mythique du polar américain (Un
dernier verre avant la guerre, Gone baby gone,
Mystic River), Dennis Lehane s'est essayé avec
talent à la nouvelle. Une balle saisie au bond par
Jacques de Loustal qui livre le superbe Coronado.
Bobby sort de prison et est accueilli par son père
et une pute dans une voiture volée.
Pas idéal pour commencer une nouvelle vie. On dirait
bien que les galères sont de retour !
"Aujourd'hui, je sors de prison et mon père vient me
chercher au volant d'une Buick Skylark volée, avec
de la coke dans la boîte à gants et une pute
prénommée Mandy sur la banquette arrière (…)". En
trois lignes, Dennis Lehane plante le décor.
Implacable. Le suspense sera lui bientôt
insoutenable. La plongée en eaux troubles, en cinq
actes, peut commencer pour Bobby. Entre la face
cachée d'un paternel voyou et des souvenirs très
fuyants, le héros nage dans la confusion jusqu'à la
révélation finale, au cœur de la nuit noire. Dans ce
thriller psychologique et humain, on retrouve les
thèmes chers à Lehane : l'amour, la vengeance, la
culpabilité. Personne n'en sortira indemne. Sur le
plan graphique, Jacques de Loustal a choisi le
format original du deux cases par planche. On n'est
pas dans le mouvement mais dans l'introspection. Le
style de cet ancien pensionnaire de Rock & Folk et
Métal Hurlant semble très enfantin, très dépouillé
mais il se marie à merveille avec la noirceur du
récit. Les couleurs sont également très réussies,
notamment l'ambiance nuit dans l'acte final. Quant à
la Buyck Skylark, De Loustal en dessine les lignes
sous tous les angles. Un régal. On en redemande,
surtout que ces 93 pages s'avalent en un quart
d'heure !
Collection Rivages / Casterman / Noir
Coronado
par Dennis Lehane (scénario) et Jacques de Loustal
(dessins)
Editions Casterman
http://culture.france2.fr/livres/bd/Coronado,-du-pur-Lehane-en-BD-58173404.html |
Loustal : "Le style
de l’écrivain m’importe plus que l’histoire"
14 octobre 2009
Loustal adapte une nouvelle de l’écrivain Dennis
Lehane, dont quelques-uns des romans noirs furent
portés à l’écran par Clint Eastwood (Mystic River),
Ben Afleck (Gone Baby Gone ou encore prochainement
par Martin Scorsese (Shutter Island). Excusez du peu
! Avec Coronado, Loustal nous plonge dans une
glauque et oppressante histoire de gangsters aux
liens familiaux tendus entre un père et son fils. Ce
dernier tente de retrouver la mémoire.
Un jeune homme sort de prison. Son père vient le
chercher dans une Buick Skylark volée, avec de la
coke dans la boîte à gants et une pute sur la
banquette arrière. L’ex-taulard essaie de retrouver
la mémoire. Son père prend une chambre dans un motel
et lui offre les services de sa copine. Après tout
ce temps passé à l’ombre, il doit bien lui rester
pulsions, pense le paternel… Rien n’y fait. En fait,
le fiston n’a qu’une seule envie : retrouver Gwen,
sa copine. Le père, de son côté, ne pense qu’à
remettre la main sur une pierre précieuse qu’ils ont
volée ensemble… Le climat entre le père et fils se
détériore de plus en plus.
Cette tragédie familiale est mise en images avec
brio par Loustal qui a opté pour une mise en image
aérée. Chacune des pages de l’album contient au
maximum deux cases. Avec le principe de la mise en
couleur directe, sur son dessin typé élégant et
nerveux, le dessinateur parvient à proposer une
singulière intensité dramatique, une fois de plus au
service d’un texte, noir et ironique.
Votre arrivée dans la collection
Rivages/Casterman/Noir est assez naturelle. Vous
avez collaboré avec différents écrivains auparavant…
Oui. J’ai un peu tardé à leur présenter un projet
suite à un malentendu. On m’avait dit que le texte
des adaptations de romans devait être écrit par des
scénaristes. L’idée d’adapter un roman de Rivages
Noir était séduisante. Mais je préférais en assumer
moi-même l’adaptation, tout en respectant, bien
entendu, le rapport entre la bande-dessinée et la
littérature. J’ai d’abord opté pour un livre de
Barry Gifford qui a beaucoup travaillé avec David
Lynch. Mais cela s’est avéré compliqué pour
différentes raisons.
L’épouse de Marc Villard qui est critique
littéraire, m’a conseillé de lire le recueil de
nouvelles de Dennis Lehane. Je l’ai lu et j’y ai
retrouvé ce que je recherchais : un texte court qui
avait du style. En fait, c’est plutôt la manière
dont l’écrivain raconte une histoire qui m’importe.
Le contenu du récit m’est moins important.
Cette nouvelle avait deux avantages : Dennis Lehane,
lui-même, l’avait adapté – en l’agrémentant- pour
une pièce de théâtre. La nouvelle s’appelle « Avant
Gwen », ce qui n’est pas un titre percutant pour un
livre. J’ai repris celui de la pièce de théâtre,
Coronado. Cette pièce mettait en scène trois
histoires parallèles, dont celle qui est écrite dans
Avant Gwen. Je bénéficiais d’un réservoir de
dialogues supplémentaires, écrits par l’auteur
lui-même. De plus, cette histoire se déroule en une
seule journée et contient pas de nombreux
flashes-back qui se déroulent dans des lieux
différents. Elle avait tout pour me plaire.
Le schéma narratif court de la nouvelle correspond
aussi à votre dessin, à votre mise en scène. Vous
privilégiez un dessin épuré.
Une nouvelle permet de dilater l’histoire, et
surtout de respecter le texte d’origine, d’en
développer les atmosphères. Cette collection m’a
également permis d’assouvir un rêve : réaliser une
bande dessinée avec deux illustrations par page. Je
désirais créer des atmosphères afin que le lecteur
entre plus rapidement dans l’histoire. Et puis, le
texte narratif qui est inscrit sous l’illustration,
offre un lien vers le cinéma. Pour les scènes
contenant de nombreux dialogues, j’ai préféré
dessiner une grande illustration, prenant toute la
page, en y incluant de nombreuses bulles. Plutôt que
de dessiner de nombreuses cases, avec des champs,
des contre-champs, où l’on doit faire des choix
difficiles pour respecter une dynamique.
Extrait de "Coronado"
(c) Loustal, Lehane, Rivages/Casterman/Noir
Les deux personnages principaux, le père et le fils,
n’ont finalement pas grand-chose à se dire…
Tout à fait ! Il y avait également un petit côté
cinématographique. Les personnages se parlent
souvent dans une voiture. On pense aux films de
Tarantino. J’ai aussi créé des scènes de digression
totale par rapport à l’histoire. Cette histoire le
permettait. Je me suis étendu sur un moment qui
n’apporte rien de plus à l’histoire. Je songe à la
scène où la jeune prostituée explique qu’elle rêve
d’écrire des scénarios de blockbusters pour le
cinéma. C’est une scène très comique !
Quand vous travaillez avec Charyn ou Coatalem, vous
partez aussi du texte original ?
Pour Coatalem, oui ! Les textes existaient. Jérôme
Charyn écrit un synopsis. Je dessine alors un
story-board et il rédige ensuite les textes, les
dialogues. Paringaux me fournit un synopsis très
fouillé. Il adapte son texte en fonction de la mise
en scène. J’ai une vraie complicité avec ce dernier,
car je sais qu’il aura une vraie satisfaction de
découvrir son texte dessiné.
N’avez-vous pas ressenti un manque dans le fait de
ne pas connaître Dennis Lehane ?
Je l’ai rencontré une fois alors que je travaillais
sur Coronado. Je ne lui ai pas montré mon travail.
Sa réaction aurait pu me poser des problèmes. Et
puis, il s’agit d’une adaptation de l’œuvre d’un
auteur qui m’était étranger. Ce n’était pas un ami.
Quand, je travaille avec Paringaux et Coatalem, je
leur montre mon travail.
Dennis Lehane possède une écriture forte. Dès la
première phrase de sa nouvelle, le ton de l’histoire
est donné.
C’est un auteur qui a été adapté plusieurs fois au
cinéma…
Oui. Je l’ai d’ailleurs découvert grâce au cinéma !
Il y a eu Mystic River et Gone Baby Gone. Denis
Lehane est l’écrivain du « Withe Trash » par
excellence. Il retranscrit le milieu blanc et pauvre
de Boston et des villes avoisinantes. Un autre film
m’a influencé pour son esthétisme : Il s’agit d’Another
Day In Paradise de Larry Clarck, avec Melanie
Griffith et James Woods. Les thèmes sont
relativement proches de Coronado. Ce film aborde la
relation entre un vieux gangster et un jeune mec…
Comment adapte-t-on une nouvelle ? N’y a-t-il pas eu
tout de même un travail de coupe ?
Non. Au contraire, même. J’ai rajouté certaines
choses. Quand on met à plat une histoire pour la
traduire pour un autre médium, on se rend compte de
ses incohérences. J’ai donc rajouté quelques scènes,
et développé des scènes qui m’amusaient. Quand je
décide d’adapter un texte, c’est qu’il m’amuse et me
donne envie de travailler un an dessus. J’ai donc un
profond respect pour l’œuvre, pour le texte en
lui-même. Ce n’est pas pour rien que je travaille
toujours avec des écrivains ! J’adore l’écriture,
même si j’ai du mal moi-même à écrire. Cela me
submerge tellement que je préfère travailler avec
des personnes dont c’est le métier.
Vous pourriez vivre de vos illustrations, de vos
peintures. Quel plaisir avez-vous de continuer à
publier des BD ?
Mais tout ce qui me ramène à la mise en scène d’une
histoire, et au rapport entre l’image et le texte.
J’ai l’impression de faire un petit film, sans être
embêté par des acteurs et surtout par des
producteurs. Pour le texte, j’aime beaucoup utiliser
des images légendées. Le rapport entre l’image et la
phrase ciblée est importante. La mise en scène me
plait : en combien de pages vais-je adapter
l’histoire ? Comment la séquencer ? Et puis, bien
évidement, il y a le dessin ! Je ne pourrais
également pas me passer de voir mes dessins publiés
dans des livres.
On assiste actuellement à un rapprochement entre la
BD et l’art contemporain. Vous ne voudriez pas
abandonner l’une pour aller vers l’autre ?
Non. En France, le milieu de l’art contemporain est
parfois un peu hypocrite. Je ne pourrais jamais
bénéficier de la considération des galeristes
spécialisés au même titre qu’un peintre ou un
plasticien. La raison en est simple : je suis auteur
de bandes dessinées et illustrateur.
Mais c’est vrai que je suis entre les deux. Des
galeries vendent mes peintures, et j’ai besoin de
peindre, de faire d’autres choses que de la BD.
Quand je n’ai pas une bande dessinée en cours et que
je n’ai pas de commande pour des illustrations, je
peins. Cela peut être très excitant parce que l’on
sent les choses ce jour-là. Mais le lendemain, cela
peut être déprimant. Je suis parfois pris par un
sentiment « d’à quoi bon … ». Il faut avoir beaucoup
de force et d’énergie pour travailler pendant des
heures sur une peinture. Je me retrouve assez bien
dans ce passage de l’un à l’autre. Entre ces deux
médiums, il y a l’illustration. Pour l’instant, on
est dépendant du marché. Les revues ne sont pas en
bonne santé. Elles réduisent toutes les coûts, et
donc le budget qu’elles consacraient à
l’illustration. Même le New-Yorker, pour lequel je
travaille régulièrement, a réduit ses tarifs à la
pige.
En fait, vous aimez naviguer entre tous ces moyens
de vous exprimer.
Oui. Récemment, j’ai fais une résidence d’artiste
pour la ville de Saint-Gratien. J’ai dessiné une
dizaine de paysages urbains au fusain. C’était
agréable de représenter cette ville bourgeoise, avec
ses maisons napoléonienne. Je viens également de
réaliser une série d’illustrations pour un livre sur
Boris Vian. Il est tiré à 101 exemplaires, en
sérigraphie, et édité par un cercle de bibliophiles.
Tout cela fait partie des commandes imprévisibles
que j’accepte en fonction des projets.
(c) Loustal, Philippe Van Roy & édition Zanpano
Vous avez travaillé dernièrement sur des photos de
Patrick Van Roy mettant en scène Bruxelles.
Oui. C’était une commande des « Petits Papiers » à
Bruxelles. J’étais, au départ, assez contre le fait
d’associer le dessin et la photographie. Mais j’ai
été séduit par les clichés de Patrick Van Roy. C’est
le genre de photo que je fais moi-même. Il y a une
perfection technique dans le rendu des lumières de
ses clichés. J’utilise régulièrement mes photos pour
mes dessins. Je les redessine pour les mettre en
scène. Ici, il fallait intervenir sur la
photographie. Du coup, j’ai utilisé une technique
qui m’est inhabituelle : de la gouache. Je n’ai pas
voulu ramener le dessin à mon univers et y mettre un
personnage. Patrick Van Roy avait photographié des
images réelles de décors urbains et bétonnés. J’y ai
introduit de la faune et de la flore… Je suis
particulièrement content de l’une des images de ce
projet artistique.
Quels sont vos prochains grands projets ?
Des dessins de voyage, qui seront édités par une
maison d’édition de littérature générale, La Table
Ronde. Ce beau livre rassemblera des dessins, des
illustrations, des petites peintures que j’ai faites
sur différents pays : Vietnam, Écosse, Maroc, etc.
Je vais publier un publier livre de photographies
chez Alain Beaulet sur le thème de la voiture. On y
retrouvera le même type de voiture que j’ai dessiné
dans Coronado. Celle que l’on pouvait voir à la fin
des années 1960 aux USA, ou dans des films tels que
Macadam à deux voies ou Gran Torino. J’aime beaucoup
ce style de voiture. C’est pour cette raison que
j’ai modifié la voiture utilisée par le père dans
Coronado. Dennis Lehane avait choisi une Dodge
moderne. Je préférai mettre en scène une Buick
Skylark. J’ai choisi cette voiture pour rendre
hommage à Champaka. L’une de mes premières
sérigraphies publiées par le label d’Eric Verhoest
représentait cette voiture.
Toutes ces photos vous inspirent dans votre travail
?
Oui. Je pense que cela se ressent dans mes dessins,
au travers le cadre et la composition. Ce livre
rassemblant mes photos de voiture sortira fin
octobre. Ce sera le troisième de ce type chez Alain
Beaulet. J’aime cette idée de publier aussi des
petits livres sans aucune prétention, avec des
photos, à un prix réduit. Le premier livre était
consacré aux horizons, le deuxième à mes photos
argentiques. J’ai envie d’en publier un sur les
piscines… Ce type de livre ne demande pas une
économie très lourde. Ce n’est pas comme tous ces
livres de photographies qui se retrouvent soldés au
bout de six mois. Évidemment, le type de papier et
l’impression ne sont pas les mêmes.
Les belles américaines photographiées par
Couverture du recceuil de photographies "Cars" - (c)
Loustal & Alain Beaulet.
Pas de nouveau projet en bande dessinée ?
Si ! Je vais travailler avec Tonino Benacquista.
Nous allons réaliser une vingtaine d’histoires
courtes sur un thème commun et finalement peu traité
en bande dessinée ou littérature : les histoires
d’amour qui se terminent bien. Ce ne sera pas
vraiment de la BD, mais plutôt des tableaux. Chaque
histoire sera composée de douze images. Nous
hésitons encore sur la forme du livre : quatre
images par page ou une seule ? Ce livre, qui devrait
s’appeler « L’amour, des fois cela marche ». Il sera
résolument positif. Cela me changera du Sang des
voyous et de Coronado. L’album sortira pour
Angoulême 2011. Après, je pense que j’aurai envie de
me recentrer un petit temps sur la peinture. Mais si
l’envie m’en prend, je peux toujours m’arrêter
quelques jours pour peindre durant la réalisation du
livre avec Tonino Benacquista. J’ai déjà alterné mon
travail pour ces différents arts : une semaine pour
la BD, une autre pour la peinture.
http://www.actuabd.com/Loustal-Le-style-de-l-ecrivain-m |
CHRONIQUE - Olivier
Delcroix, critique BD du Figaro, sélectionne un
album qui vient de paraître et analyse des planches
image par image. Cette semaine, Coronado,
l'adaptation d'un roman noir de Dennis Lehane par
Loustal, dans la collection Rivages/Casterman/noir,
93 pages. 17€.
Cliquez ici pour voir le décryptage de la planche
L'auteur
Né à Neuilly-sur-Seine en 1956, Jacques de Loustal
-dit Loustal- fait partie des grands de la BD
contemporaine. On reconnaît sa patte au premier coup
d'œil. Sa touche littéraire, son trait indolent,
décalé, et ses couleurs «aquarellées», vives, lui
permettent rapidement de jouer avec la construction
romanesque de ses albums. En 1987, avec Barney et la
note bleue, splendide album retraçant la vie du
jazzman Barney Willem, Loustal s'impose parmi les
auteurs de BD à suivre. Son complice Paringaux lui
sert encore de beaux scénarios qu'il met en scène
avec talent et justesse : Un garçon romantique
(1994), Kid Congo (1997, prix du scénario au
festival d'Angoulême en 1998), ou Le Sang des voyous
(2006). Avec le romancier américain Jérôme Charyn,
il conçoit des fresques tragiques ou des drames
romantiques (Les Frères Adamov, 1991 ; Une romance,
1996 ; White Sonya, 2000). Amoureux de Simenon,
Loustal s'est également distingué en illustrant des
couvertures de ses romans et notamment Les Frères
Ricco. Architecte de formation, Loustal avoue
posséder une sensibilité particulière qu'il met au
service des paysages urbains…
L'album
Le destin brisé du célèbre jazzman Barney Willen,
revu par Loustal et Paringaux.
Il y a toujours quelque chose de hiératique dans les
dessins de Loustal. Une étrangeté diffuse, une
menace sous-jacente, une sorte d'inquiétude non
dite, qui se marie à merveille avec l'atmosphère des
romans policiers. En choisissant d'adapter
l'intrigue de Coronado de Dennis Lehane (l'auteur de
Gone baby gone, Mystic River, ou Shutter Island
adapté par Scorsese et dessiné par Christian De
Metter), Loustal se frotte une nouvelle fois au
polar américain. Ce qui lui permet d'approfondir ses
thèmes de prédilection : l'amour perdu, la
culpabilité, le remord et la vengeance.
C'est sans doute la première phrase de la nouvelle
de Lehane « Avant Gwen » qui a dû titiller la double
fibre graphique et littéraire du dessinateur : «
Aujourd'hui, je sors de prison et mon père vient me
chercher au volant d'une Buick Skylark volée, avec
de la coke dans la boîte à gants et une pute
prénommée Mandy sur la banquette arrière.» De cette
matrice originelle, découle toute l'histoire. Cinq
actes pour une tragédie familiale entre gangsters.
Une première partie lumineuse, où la clarté
aveuglante et crue du soleil américain, écrase les
retrouvailles d'un père et son fils tout juste sorti
de taule. Une deuxième partie nocturne et
ténébreuse, où le drame se dénoue au fur et à mesure
que la mémoire revient au jeune héros.
Entre ces deux pôles opposés, une histoire d'amour
absolue entre Gwen et le héros, un coup monté qui
tourne mal, un séjour à l'ombre du fils, sa perte de
mémoire dû à une balle malencontreuse, et un gros
diamant que sa copine Gwen a planqué on ne sait où.
Tous les ingrédients sont là pour obtenir un petit
chef-d'œuvre du roman noir haut en couleur. Loustal
se délecte. Le style de Lehane fait merveille et se
marie parfaitement aux dessins épurés de l'auteur de
Barney et la note bleue. Les ambiances urbaines de
Loustal étincellent. Conduit par cette Buick Skylark
bleu décapotable, le road-movie avance avec l'aplomb
tranquille d'un Monte-Christo d'outre-atlantique.
http://www.lefigaro.fr/culture/2009/10/23/03004-20091023ARTFIG00571-coronado-un-roman-noir-haut-en-couleur-.php |
LOUSTAL:
Coronado album dédicacé Rivages Casterman noir Dennis Lehane
Dédicace LOUSTAL Dédicaces Coronado
Loustal à la Hune
Par Jean-Claude Götting le mercredi 23 septembre
2009, 15:20 - Expositions - Lien permanent
Rencontre avec Jacques de Loustal à l'occasion de la
sortie de son livre "Coronado" dans la collection
Rivages/Noir chez Casterman, le mardi 22 septembre à
partir de 19h.La Hune, 170 bd St-Germain, 75006
Paris Vous pourrez également rencontrer
Jean-Christophe Chauzy et Marc Villard pour la
parution de "LA guitare de Bo Diddley" dans la même
collection.
|
A l'occasion de la sortie de Coronado, Jacques de
Loustal a bien voulu m'accorder une interview exclusive.
Coronado est une adaptation d'une nouvelle (Avant Gwen)
de Dennis Lehane dont le roman Mystic River a été porté
à l'écran par Clint Eastwood. Coronado raconte une
histoire noire, dense et dramatique. Il s'agit d'un
affrontement sanglant entre un père et un fils à la
recherche d'un diamant pour l'un et d'une femme pour
l'autre. Suspense. Suspense.
Marc Bauloye: Qu’est-ce qui vous a plu dans la nouvelle
Avant Gwen de Dennis Lehane (qui est devenue une pièce
de théâtre sous le nom de Coronado) ?
Loustal: Dès que j'ai commencé à la lire, j'ai été pris
par les première phrases de l'histoire que j'ai
conservées et qui sont les premières phrases de la BD.
Je trouvai dès le départ qu'il y avait des situations
très fortes, des personnages assez intenses. Cette
nouvelle de vingt pages qui se passe sur deux journées
avait l'avantage de pouvoir promener le lecteur dans
différents lieux. Il y avait suffisamment de flashs
backs pour ne pas tomber dans le problème des nouvelles
avec l'unité de lieu et une certaine monotonie visuelle.
C'est assez rare de trouver une nouvelle comme cela.
Elle a été adaptée en pièce de théâtre par l'auteur
lui-même. Cette pièce développait trois histoires
parallèles qui se rejoignaient à la fin. Avant Gwen
était une de ces histoires. Pour mon travail
d'adaptation, j'avais, en plus de la nouvelle, un gros
réservoir de dialogues supplémentaires. J'ai fait une
sorte de cuisine entre ce qu'il y avait dans la pièce et
dans la nouvelle. Je préfère toujours une histoire dans
laquelle je peux m'installer, que je peux dilater et
dans laquelle je peux développer les atmosphères et les
ambiances plutôt que de résumer un roman de 300 pages.
MB: Est-ce une collaboration ou avez-vous fait
l’adaptation seul ?
L: Totalement seul. Dennis Lehane est américain. Il
produit beaucoup et est très courtisé par le cinéma.
L'idée est venue de l'éditeur. Il a ouvert son catalogue
aux dessinateurs et on pouvait choisir dedans. J'ai
rencontré Lehane quand il venu en France présenter son
dernier livre Un pays à l'aube. Je ne lui ai pas montré
mon travail qui n'était pas terminé. Il faut savoir
qu'il travaille avec Hollywood, avec de grands cinéastes
comme Scorsese, Clint Eastwood. Alors, il est content
quand on fait une adaptation en BD mais cela ne
représente pas quelque chose de capital pour lui.
Finalement, je lui ai envoyé. Il m'a dit qu'on avait
projeté de faire un film sur cette nouvelle. Un scénario
a été écrit, mais la production s'est arrêtée parce
qu'il n'a pas eu les acteurs qu'il voulait...
MB: Quand vous faites une adaptation d’un autre auteur,
devez-vous obtenir son autorisation ou acheter des
droits ?
L: C'est une coédition Rivages/Casterman. Ces éditeurs
font tout pour qu'on adapte des histoires. Le seul
problème qu'on rencontre, c'est celui de la traduction
de ce genre de livre dans des pays étrangers. A chaque
fois, il faut renégocier avec l'agent de l'auteur dans
chaque pays.
MB: Les dialogues de votre Coronado sont denses et
percutants. Qui les a écrit ?
L: Je suis plutôt attiré par la façon dont les nouvelles
sont écrites, plutôt que par ce qu'elles racontent. J'ai
envie de respecter le texte original. Or, un des gros
avantages d'adapter une nouvelle comme celle là, c'est
que 80% du texte provient de la nouvelle. C'est le texte
de Lehane. Donc, c'est à lui qu'il faut demander comment
il fait. La qualité des dialogues dans la nouvelle m'a
incité à faire l'adaptation. Il y a aussi des références
cinématographiques qui font penser aux films de
Tarantino. J'ai développé quelques scènes et j'ai dû
rajouter certaines scènes pour la compréhension de
l'histoire. Ce que j'ai aimé, c'est de faire digressions
dans l'histoire. J'ai pu développer des scènes qui
n'apportent rien à l'histoire mais qui ajoutent quelque
chose aux personnages. Il y a notamment au début le
passage avec la pute qui rêve d'écrire. Cela m'a
beaucoup amusé...
MB: Pour vous, Coronado, est-ce d’abord un règlement de
comptes, une chasse au trésor, un conflit entre
générations ou une histoire d’amour ?
L: C'est surtout un conflit père/fils assez sérieux et
une histoire d'amour assez tragique avec un fantôme.
C'est une histoire extrêmement noire avec différents
ingrédients comme les retours dans le passé. Mais, ce
n'est pas une chasse au trésor, ni un règlement de
comptes. Le fils ne se souvient plus de ce qui s'est
passé et ne sait pas ce que veut son père.
MB: Le titre Coronado, pensez-vous que c’est une
allusion à la terre promise, au paradis jamais atteint ?
L: Le titre de la nouvelle, Avant Gwen, n'était pas très
bon. Gwen n'est pas beaucoup utilisé en français.
Coronado était un très bon titre. C'est celui de la
pièce. Dans l'histoire, c'est une sorte de paradis.
Lehane a fait une préface dans le livre où il explique
que c'est un lieu où des gens un peu paumés aimeraient
se retrouver.
MB: Vos personnages sont typés et truculents.
Faites-vous des recherches particulières pour définir
leur physique ?
L: Oui. Quand je recherche le physique des personnages,
je pense d'abord à ce qu'ils vont dire et faire. Ce qui
exclut bien des choses. J'appelle cela la
psychomorphologie. Ce doit être crédible avec ce qu'il
vont faire. Pour le père, je voyais une sorte de vieux
voyou, escroc, avec une certaine séduction. Avec ses
cheveux longs, sa veste en cuir, j'ai constaté par après
qu'il ressemblait à Johnny Hallyday. Mais, je ne cherche
pas la ressemblance avec des physiques existants. Je
fais des esquisses. Pour le femmes, je fais varier les
coiffures. Je travaille comme un cinéaste qui fait jouer
des acteurs.
MB: Est-ce le premier polar que vous adaptez ?
L: Non, ce n'est pas le premier. Et, c'est plutôt du
roman noir. Ce n'est pas un polar car il n'y a pas de
policier, pas d'enquête. J'ai fait beaucoup de romans
noirs avec Paringaux. Par exemple, Le Sang des voyous
est plus noir que Coronado.
MB: Comment procédez-vous pour le découpage du récit ?
L: C'est la partie la plus créative à mon avis. Je lis.
Je me concentre. Je vois des images et parmi elles,
celles qui peuvent être des images de transition entre
les scènes. Je prévois telle scène en autant de pages.
En général, cela vient tout seul. Je procède à la
manière d'un story board de film.
MB: Comment êtes-vous parvenu à ce style épuré, sans
surcharge ?
L: C'est la pratique du dessin depuis plus de 30 ans.
Mais, c'est plutôt au public de le définir. Je travaille
beaucoup sur le style. A chaque album, je change un peu
de technique pour me surprendre, ne pas m'ennuyer. Dans
Coronado, j'ai fait pour la première fois de la couleur
directe sur un dessin au crayon.
MB: Vous avez travaillé avec Philippe Paringaux et avec
Jérôme Charyn. Vous arrive-t-il de faire vos scénarios
vous-même ?
L: Jamais. Je fais parfois des commentaires. Mais, les
albums que je signe seul sont des albums de dessins et
pas de BD. Je fais parfois des histoires courtes pour
lier des images. J'écris à partir d'images, mais cela ne
fait pas un album de BD. En fait, j'aime bien travailler
sur des textes d'écrivains.
MB: Quelle importance accordez-vous à la couleur dans
vos récits ?
L: J'accorde surtout de l'importance à la lumière. La
couleur, c'est une façon d'aller plus loin vers cette
lumière. Tant que la couleur n'est pas posée, le dessin
n'est pas terminé.
MB: Chacune de vos vignettes fait penser à une peinture.
Est-ce un hasard ?
L: Je suis très influencé par la peinture. C'est vrai
que j'ai tendance à privilégier les grandes images, à
privilégier les atmosphères sur l'action. Je mets en
place les éléments du dessin et cela fait penser à de la
peinture. Mais quand je peins, ce n'est pas pareil. Je
suis aussi très influencé par l'illustration, la BD, la
photographie.
MB: Depuis 30 ans, vous faites de la BD, de
l’illustration, de la publicité, de la peinture. Vous
travaillez pour la presse et vous réalisez des objets
d’art. Où trouvez l’énergie pour cette activité
débordante ?
L: Je ne réalise pas d'objets d'art. Je ne fais rien
d'autre que dessiner. C'est une chance de pouvoir faire
ce que je veux. Cela reste un plaisir. L'énergie est là.
Mais, c'est un métier d'abord.
MB: D’où vous vient ce goût pour les grands voyages ?
Est-ce une façon de se ressourcer ?
L: Oui, en partie. C'est une curiosité pour tous les
endroits que je ne connais pas. Comme je travaille
beaucoup, c'est une sorte de besoin. Presque un devoir
de voyage. J'ai envie de connaître le plus de pays
possible. Alors, je coupe le amarres et je pars.
MB: Quels sont vos projets ?
L: Je commence un livre avec Tonino Benacquista qui doit
sortir chez Casterman au début 2011. Et puis, je réalise
un nouveau livre avec mes dessins de voyage aux Editions
de La Table Ronde. Et en plus, il y a tout ce qui peut
arriver qui est lié à l'illustration.
Propos recueillis par Marc Bauloye |
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