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Loustal Iles et Elles
Casterman 2002 / 22.90 € - 149.99 ffr. / 88 pages
ISBN : 2-203-38041-1
FORMAT : 22,6 x 30,3
Textes de Philippe Paringaux.

Luxe, calme et volupté

A chaque page, c’est une ambiance. Parfois polar, parfois palais des Mille et une nuits, parfois bush australien… Loustal signe un très bel album qui regroupe plus de cent de ses « tableaux ». A la variété des sujets s’ajoute celle des techniques – aquarelle, encre ou gouache – et des formats. S’il fallait trouver une unité, un fil conducteur, il serait résumé par le titre : exotisme et érotisme. Mais après tout, peu importe. 

Les textes de Philippe Paringaux, saupoudrés par-ci par-là, toujours très courts, donnent à la balade visuelle un petit côté surréaliste, la clé d’une interprétation poétique pas du tout limitative. Il faut passer du temps à feuilleter Iles et Elles, se laisser absorber par chaque image, imaginer ce qui a précédé l’instant décrit ou ce qui va le suivre. 

Ceux qui ont aimé la précédente collaboration de Loustal et Paringaux, Soleils de nuit (Casterman, 1998), ne pourront qu’apprécier ce livre. Les autres ont tout intérêt à le découvrir. 

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 12/03/2003 )


Bande dessinée


Jolie Mer de Chine
de Loustal et Jean-Luc Coatalem 
Casterman 2002 / 9,45 €- 61.9 ffr. / 62 pages
ISBN : 2-203-35605-7

Destins indochinois

On savait la littérature grande pourvoyeuse de scénarios pour le cinéma. La voilà, depuis quelques années, acoquinée avec la bande dessinée. Comme si cette dernière n’était plus cet art mineur snobé par l'intelligentsia de la Rive gauche, et qu’elle avait gagné de prestigieux galons. Après Tonino Benacquista, Fred Vargas et Thierry Jonquet, et avant Frédéric Beigbeder en septembre, c’est l’écrivain-voyageur Jean-Luc Coatalem qui s’y colle. Avec la complicité de Loustal, son Tout est factice paru il y a quatre ans devient une Jolie Mer de Chine découpée en deux récits qui se déroulent dans l’Indochine du début du XXe siècle.

Le premier met en scène l’absurde destin d’un homme, prenant pour très romantique décor un paquebot faisant le chemin entre Saïgon et Singapour. Chargé de liquider une femme qui s’y est embarquée, un ancien acrobate, devenu contremaître dans une plantation, s’engage lui aussi dans la traversée. Alors que, sous le charme de la dame, il tente de la séduire, il finit lamentablement victime de son art. La deuxième histoire, elle, se déroule dans le même univers maritime. Un steward rongé par les cauchemars se lie d’amitié avec l’un des passagers, le plus célèbre psychanalyste du monde, à qui il veut parler de son cas. Mais le «docteur» paraît bien bizarre et surtout attiré par les dollars.

Coups du sort et force du hasard, vanité des apparences et double jeu des individus : autant de thèmes portés par un dessin sans défaut, empreint de nostalgie, qui colle parfaitement avec l’époque choisie. Le graphisme naïf et pastel, la franchise des couleurs, les traits des personnages, la géométrisation des décors, tout ici évoque en effet ces affiches des années 1900 qui vantaient «l’air des colonies». Loustal au pinceau, Coatalem à la plume : les deux gaillards se sont bien trouvés pour le faire respirer.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 14/06/2002 ) 
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