Loustal

Black blues 2000
Couverture livre Sharon G. Flake

Couverture originale Loustal 2000
Aquarelle 27 x 18 cm
https://www.2dgalleries.com/art/black-blues-225718

Auteur: Flake, Sharon G.
Titre: Black blues / Sharon G. Flake ;  couverture Jacques de Loustal ; trad. de l'anglais (Etats-Unis) Valérie Morlot
Éditeur Paris : Dapper, 2000 
ISBN 2-906067-61-X
Description 217 p. : ill. ; 18 x 12 cm
Collection Au bout du monde 
https://www.loustal.nl/franstalige_34_loustal.htm

Black Blues

Résumé
Les tourments de l'adolescence chez Maleeka, jeune fille noire, pauvre et seule, en butte aux railleries et qui tente de se faire accepter par la "dure" de la classe à coup de devoirs. En découvrant l'écriture, réussira-t-elle à trouver confiance en elle à travers son héroïne?

A l'adolescence, rien n'est plus dur que la différence. Maleeka en sait quelque chose, avec sa peau trop noire et ses habits maladroitement confectionnés par sa mère. En butte aux railleries des autres, elle tente de se lier avec Charlese, la "grande gueule" de la classe et les jumelles Raina et Raise. Une drôle d'amitié qui se paie à coups de devoirs pour la chef de bande et de cours séchés. Maleeka s'accommode du mépris et des menaces de Charlese parce qu'être seule, c'est encore pire. Elle sait qu'elle ne peut trop compter sur sa mère déboussolée par le chagrin à la mort de son mari. Il y a bien Caleb qui dit l'aimer... Peu à peu, Maleeka découvre l'écriture. Encouragée par son professeur, elle rédige le journal d'Akeelma, jeune esclave courageuse en route vers l'Amérique dans les cales d'un bateau négrier. A travers son héroïne, Maleeka réussira-t-elle à trouver confiance en elle ? Grâce à une langue forte et imagée, Sharon G. Flake transmet la voix de Maleeka prise dans les tourments de l'adolescence. Sa quête d'identité est un récit poignant porté par la violence et l'espoir. Au salon de coiffure, Ronnie me dit de m'en remettre à elle. Elle me met sur le cuir chevelu un baume qui sert à détendre les cheveux, puis elle le rince. J'ai alors des milliers de minuscules boucles noires brillantes sur la tête. Elle prend les ciseaux, coupe quelques mèches de chaque côté et égalise mes pointes. - Hmmm, dit-elle. Maintenant, il faut savoir montrer du cran quand on a cette coupe. Tu as du cran, Maleeka ? demande-t-elle, les mains sur les hanches. Je lève les yeux vers elle, et je lui demande ce qu'elle veut dire. Alors une femme sort de sous un séchoir. Elle enlève ses boucles d'oreilles à clip et demande de l'alcool à Ronnie. Elle nettoie ses trucs clinquants et me les met aux oreilles, sans même me demander mon avis. - C'est une coupe qui en jette. Les soeurs qui portent ça savent ce qu'elles valent, commente Ronnie, en enlevant les boucles d'oreilles pour continuer à me couper les cheveux. Je regarde dans le miroir et je n'en crois pas mes yeux. J'aime vraiment ce reflet de moi. - Tu as du brillant à lèvres ? me demande-t-elle en faisant tourner mon fauteuil pour vérifier la coupe. Je fouille dans mon sac et en sors un rouge à lèvres pétant acheté dans une solderie genre Tout A Un Dollar. - Tu es trop jeune pour mettre du rouge. Elle me fait tremper le doigt dans l'immense pot de vaseline qu'elle a près du miroir, et j'en frotte un peu sur mes lèvres. Les trois autres coiffeuses me dévisagent, et quelques clientes font pareil. Une femme a de la crème défrisante sur la tête. Elles n'arrêtent pas de s'extasier sur comme je suis belle. Sweets hoche la tête et sourit et acquiesce à toutes les remarques. - Montre-nous que tu as du cran, dit Ronnie en m'enlevant mon peignoir. J'ai la tête baissée, les bras croisés. Une autre femme sort de sous son sèche-cheveux et commence à aller et venir dans le magasin. - Du cran, ma fille, dit-elle en tortillant les fesses, virevoltant et tournant comme un mannequin de mode. - Du cran ! Sweets entre dans le jeu. Tout le monde soudain m'observe. Je fais claquer mes doigts et je traverse la pièce comme si j'étais quelqu'un. Je suis belle. La femme qui m'avait prêté les boucles d'oreilles s'approche de moi et met les mains sur mes hanches. - Fais-les danser, vas-y. Montre aux autres que tu en veux ! Je me déhanche, en faisant de grands pas, en tendant les bras comme si j'étais sur un podium. - Vas-y, ma fille, m'encourage une femme. Remue, danse, déhanche, mais casse pas le rythme ! - Tu es vraiment belle, Maleeka, dit Sweets. Cette coupe, c'est toi.

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