Jacques de Loustal
 Liberation interview

 6 janvier 2024
 

CASQUE T'ÉCOUTES?

Loustal : Auteur de BD
"J'aurais bien aimé côtoyer les Cramps"

Auteur de plus d'une centaine de bandes dessinées, de livres d'illustrations ou de carnets de voyage, pionnier du roman graphique à la française, le prolifique Loustal a débuté à Rock & Folk et Métal hurlant. Alors qu'il publie le dernier tome de son Simenon l'Ostrogoth, ce fidèle des Stones et des Cramps signe les pochettes de trois nouvelles compilations de Nino Ferrer.

Le premier disque que vous avez acheté adolescent?
American Folk Blues Festival '65.. C'est là que j'ai découvert John Lee Hooker, Lightnin' Hopkins, ces grands bluesmen un peu électriques. Je devais avoir 12 ou 13 ans. Un jour, un de mes frères aînés a ramené un 45-tours des Stones. Et tout a changé.

Votre moyen préféré pour écouter de la musique?
Le CD, franchement. Je n'ai pas pu me séparer de tous mes vinyles. Et si je les écoute très peu, j'ai conservé une platine.

Le dernier disque que vous avez acheté?
Le dernier Rolling Stones, Hackney Diamonds. Je trouve qu'il y a des morceaux fantastiques dessus, ce n'est évidemment pas la même claque, mais je leur dois beaucoup. Tout le monde leur doit.

Où préférez-vous écouter de la musique?
Surtout dans mon atelier pendant que je travaille. Le matin, j'écoute de la musique assez douce, un rock assez mélancolique, genre Hope Sandoval, Julee Cruise. Des chanteuses un peu anorexiques, dépressives. Plus la journée avance, plus j'écoute des choses énergiques. En fin de journée, ça va jusqu'à Rammstein ou Marilyn Manson.

La chanson que vous avez honte d'écouter avec plaisir?
C'est un concept que j'ai du mal à saisir. Parfois, je passe le long morceau In a Gadda da Vida d'Iron Butterfly et je me dis que c'est étrange d'écouter ça aujourd'hui.

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez?
Je n'ai jamais pu écouter The Cure. Il y a un truc qui me bloque avec la voix. Mais je ne vais pas aller jusqu'à les détester, parce que je ne les connais pas.

Le disque pour survivre sur une île déserte?
L'intégrale Charles Trenet. Il y a une sorte de poésie assez réjouissante, qu'on peut écouter très vite, très souvent.

Quelle pochette de disque avez- vous envie d'encadrer?
Toutes les pochettes de Roxy Music, notamment For Your Pleasure, avec Amanda Lear, et Country Life.

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles?
Les Nocturnes de Chopin, que j'écoute souvent, dans des lieux particuliers. Quand je vais à la campagne, je travaille dans un petit atelier, il y a le crépuscule, la forêt, et je mets ça.

Préférez-vous les disques ou la musique live?
Je vais moins en concert qu'à une époque, parce que je n'aime pas les trop grandes salles, mais je me déplace encore. Il y a quelques groupes que je ne ratais jamais, mais ils sont tous morts. C'étaient les Ramones et les Cramps, j'allais les voir partout.

Votre plus beau souvenir de concert?
J'en ai vu tellement, mais je me souviens de mon premier concert, quand même mythique, celui de Lou Reed à l'Olympia vers 1974 - 1975. Inoubliable.

Votre musique de film préférée?
Tout ce qui est lié à David Lynch avec Angelo Badalamenti. Dans le genre, ma préférée est la BO de Lost Highway.

Le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie?
Alors ça, c'est surtout en voiture. Christophe, pour qui j'avais beaucoup d'affection, avec l'album Bevilacqua. Ou Bryan Ferry.

Le morceau qui vous rend fou de rage?
Beaucoup de morceaux de rap français. Ce n'est pas ma tasse de thé. Le problème, c'est que je comprends les paroles. Dans le rap américain ou hispanique, la parole est un instrument qu'on ne comprend pas.

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle?
Fiends of Dope Island des Cramps, leur dernier album, j'ai écouté trois fois de suite.

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie?
Les Cramps. Je ne sais pas trop où je me serais situé, mais j'aurais bien aimé les côtoyer et être leur ami.

La chanson qui vous fait toujours pleurer?
Fernand de Jacques Brel. C'est l'histoire d'un mec qui enterre son meilleur ami, il est tout seul au petit matin. C'est horrible, très très triste.

Recueilli par BENOÎT CARRETIER

SES TITRES FÉTICHES
THE CRAMPS Human Fly (1983)
THE ROLLING STONES Stray Cat Blues (1968)
THE DOORS Riders on a Storm (1971)