Loustal  

Exposition Feuilles de route  16 avril - 21 mai 2022
Prolongation jusqu’au 26 mai 2022


Exposition Feuilles de route 
MD Gallery : 17 rue Colonel René Michel
14117 Arromanches-les-Bains France
https://md-gallery.fr/

Expo 16 avril 2022 > 21 mai 2022

Arromanches-les-Bains : MD Gallery, un nouvel écrin pour les dessins de maîtres MD Gallery, a ouvert ses portes le dimanche 26 septembre 2021 à Arromanches-les-Bains (Calvados). Cette galerie d'art présente des dessins des XIXe et XXe siècles.

Dossier-de-presse avec Interview 
https://md-gallery.fr/wp-content/uploads/2022/03/Dossier-de-presse_Loustal_Feuilles-de-route.pdf

14 noeuds sur l'océan Indien

2021 - Loustal - 14 noeuds sur l'océan Indien - Huile sur toile - 92 x 65 cm - 5 500 €

Affiche 42 x 30 cm, Offset 

Du 16 avril au 21 mai 2022, MD Gallery accueille Feuilles de route : une exposition de dessins et de peintures de Jacques de Loustal. De l’Islande à l’Océan Indien, de l’Italie à la Grèce, de la Terre de feu à la Floride en passant par les Seychelles, la Croatie et les Canaries, l’ensemble, de plus d’une trentaine d’œuvres, présenté à Arromanches les Bains, est une véritable invitation au voyage. Pour guide, un globe-trotter impénitent et patenté : Loustal. Au fil de plus de 50 années consacrées à la pratique du dessin et de la couleur – ce dessinateur d’ambiances à su poser et imposer un univers graphique reconnaissable au premier coup d’œil. Encres de couleurs, mine de plomb, fusain, aquarelle, huile ou fixé sous verre, Loustal déploie toute la richesse de son savoir-faire pour mieux livrer des images découpées dans le rêve ; un ailleurs idéalisé et purgé du superflu. Embarquez sans attendre…

Jacques de Loustal / Interview Propos recueillis par Laurent Montant! 
Dossier de presse expo 16-4-2022 /  21 mai 2022

Dossier-de-presse_Loustal_Feuilles-de-route.pdf

A quel moment de votre vie le goût pour le voyage est-il né ?

Ce goût me vient de l’enfance et de mon environnement familial. Mes parents voyageaient, pour des raisons professionnelles notamment, et rapportaient de leurs voyages des tas d’objets qui me faisaient rêver. Quand j’ai eu l’âge de voyager seul, je suis donc tout naturellement parti à mon tour, d’abord aux Etats-Unis puis dans les îles méditerranéennes. Cela répondait à un besoin, celui de satisfaire ma curiosité.Cette envie d’ailleurs était également liée au cinéma, à la littérature, aux romans dont j’étais grand consommateur dans ma jeunesse ; nous avions une bibliothèque remplie de livres de voyage anciens. En résumé, j’ai d’abord voyagé par les livres et puis le temps de confronter ces voyages immobiles à la réalité du terrain est venu.

Comment articulez-vous voyage et pratique du dessin : lors de vos voyages, accumulez-vous du matériau que vous exploitez ensuite ou dessinez-vous sur place ?

J’ai publié de nombreux carnets de voyage aux Editions du Seuil et, au début, j’étais dans une forme d’orthodoxie des dessins exécutés sur place ; souvent en noir et blanc, sur de petits carnets. Ce n’était pas des dessins « reportages » mais plutôt des dessins « contemplatifs ». Au plaisir de dessiner j’additionnais le plaisir d’être ailleurs, de voyager, de découvrir, d’être plongé dans des ambiances. Je me revois encore arriver en Sicile - sortir un bloc, une plume, de l’encre - et ressentir le plaisir de dessiner sous la caresse du vent en écoutant les mouvements de la mer. A cette époque, la seule chose que je réalisais dans mon atelier, c’était la couleur, pour des raisons de commodité. Plus tard, le dessin réalisé in situ a laissé la place à la photographie. Cela s’est produit lorsque j’ai voyagé dans les pays nordiques ou encore dans des pays lointains, alors porté par l’envie de ne pas ralentir le voyage pour en voir plus. Pour moi, dessin et photographie ont partie liée. Je dessine avec le regard du photographe et je photographie avec le regard du dessinateur. Je dessinais donc plutôt le soir, dans ma chambre d’hôtel en synthétisant, grâce à l’apparition de la photo numérique, plusieurs photos pour créer une image. La photographie s’apparente alors à des notes semblables à celles qu’un écrivain prend pour retenir des détails, des couleurs, des ambiances...

Aujourd’hui, je dessine in situ lorsque je peux, lorsque le contexte le permet.

   Le voyage est une activité qui se suffit à elle-même, êtes-vous capable de voyager sans dessiner ?

Oui, je le peux, mais surement pas sans produire des images. Depuis toujours, ce qui motive et sous-tend mes voyages c’est l’idée que, sans le voyage, les images qu’il me permet de réaliser n’existeraient pas. Aller quelque part c’est l’assurance de capter des images et d’être confronté à des choses inconnues qui vont m’inspirer.

Le voyage n’implique pas nécessairement un déplacement, quelle place le voyage intérieur tient-il dans votre processus créatif ?

J’aime trouver un écho culturel dans le voyage. J’aime aller sur les traces d’un écrivain, d’un peintre ou d’un cinéaste. C’est plutôt de cette manière que les choses fonctionnent chez moi. Scorsese à New-York, Gauguin aux Iles Marquises... Et puis j’ai toujours lu pendant mes voyages : Déon Mayer en Afrique du Sud, Arnaldur Indriðason en Islande...

Quand vous voyagez dans le temps - les années 50 et l'univers de Simenon par exemple - comment procédez-vous pour documenter vos dessins ?

J’ai rarement travaillé sur le contemporain. Mes bandes dessinées se déroulent souvent dans des époques révolues, pas forcément lointaines mais passées. Le plus loin que je sois remonté c’était, pour Kid Congo, la guerre de 14-18. J’ai toujours eu une prédilection pour les années 30 et les années 50. En fait, ce sont des années que j’ai perçues comme faisant partie de mon environnement familial. Ces années-là me touchaient directement. A travers des revues que je trouvais chez moi, par le récit que l’on m’en faisait, elles étaient proches de moi et m’impliquaient affectivement.

 Vous êtes un voyageur impénitent et pourtant le mouvement est absent de vos images qui sont statiques, posées, presque hiératiques et figées. Comment expliquez-vous cela ?

(Rires) Oui, en effet. Ce qui m’ennuie le plus dans le voyage, c’est de me déplacer ! En revanche, lorsque je suis quelque part à l’autre bout du monde mais sans bouger, c’est formidable. Le voyage n’est pas forcément synonyme de mouvement. Et pour répondre à votre question, c’est vrai que j’aime les êtres et les choses plutôt figées. Par exemple, j’adore les voitures et pourtant je les dessine toujours à l’arrêt. Je ne dessinerai jamais une voiture à la Maurice Tillieux ou à la Gil Jourdan.

« Qui est perçu comme étrange et lointain, stimulant l'imagination ». Cette définition de l'adjectif « Exotique » ne se décline-t-elle pas parfaitement à l’ambiance de vos dessins de voyage ?

Oui, c’est vrai. Être confronté à des ambiances différentes, c’est ça le truc. Je suis toujours à la recherche de choses un peu étranges dans mes illustrations. Dans mes peintures j’aime bien planter une atmosphère un peu bizarre. L’exotique n’est pas forcément réductible au tropical.

La peinture que vous pratiquez depuis quelques années en autodidacte représente-t-elle un voyage pour vous ?

Dans une certaine mesure. Je fais toujours de l’illustration mais, en effet, je peins beaucoup plus qu’avant. J’ai plusieurs grands domaines de prédilection aujourd’hui. Le fusain, les fixés sous verre, la peinture à l’huile et l’aquarelle. L’aquarelle, que je pratique depuis très longtemps, c’est la technique avec laquelle je traite mes BD et la plupart de mes illustrations. Arrivé à un certain âge, j’ai eu besoin de me confronter à une autre technique, d’où cette montée en puissance de la peinture à l’huile dans ma production depuis quelques années. Avec la peinture, je parviens à fusionner et à tirer parti de plusieurs techniques. Quand, comme moi, on vient de la BD, on vient de la ligne noire remplie de couleur. Dans mes peintures, j’ai fini par réussir à régler cette question du trait noir que les peintres essaient d’évacuer. J’étais autodidacte lorsque je m’y suis mis à la peinture, alors, forcément, elle m’a permis de découvrir de nombreuses choses, elle m’a permis de me surprendre et de m’étonner. Même à la soixantaine, il est important de se challenger et de se perdre dans la nouveauté - d’une technique en l’occurrence - pour mieux se trouver. Je crois que c’est ce que j’ai fait.