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2011  Enjeux et stratégies de l'exposition de bande dessinée
interview:  Loustal, Jacques de (1956, )


Interview / entretien Loustal 2012 (= 2011)

Enjeux et stratégies de l'exposition de bande dessinée
auteur(s) : Daures, Pierre-Laurent ; Barthélémy, Lambert : Editeur scientifique ; Groensteen, Thierry : Editeur scientifique
publication : [S.n] : [S.I] , 2011
notes :
Mémoire de Master 2 Bande dessinée : École européenne supérieure de l'image : Université de Poitiers. Bibliogr. Il s'agit du volume d'annexes.
caractéristiques physiques : 148 p. : ill. en coul, couv ill. en coul ; 30 cm
langue(s) : français
sujet(s) : mémoire -- travail universitaire
exposition -- musée
catalogue d'exposition
Cité internationale de la bande dessinée et de l'image
Musée des Arts Décoratifs
Musée d'art et d'histoire du judaïsme
Musée d'Art Contemporain de Lyon
Fondation Antoine de Galbert
Cité de l'Architecture et du Patrimoine
Fondation Cartier
Barrault, Anne -- interview
Davodeau, Etienne -- interview
Gerner, Jochen -- interview
Jacques, Benoît -- interview
Loustal, Jacques de (1956, ) -- interview
Mattei, Dominique -- interview
Rosset, Christian -- interview
Schuiten, François (1956-) -- interview
Thevenet, Jean-Marc -- interview
Trondheim, Lewis (1964- ) -- interview
type : Documentaire (Catalogue d’exposition )

http://neuviemeart.citebd.org/IMG/pdf/Daures_Expo_BD2.pdf

http://neuviemeart.citebd.org/IMG/pdf/Daures_Expo_BD_annexes2.pdf
 

 


 

2.5. Des expos dans le monde entier - Entretien avec Loustal

Entretien téléphonique réalisé avec Jacques de Loustal, le 21 mars 2011.


Les passages introduits par la mention « PLD : » sont de l’auteur de ce mémoire.[Pierre-Laurent Daures (PiLau)]
Les passages introduits par la mention « JdL : » sont de Jacques de Loustal.

PLD : Pouvez vous me parler des expositions de l’AFAA pour lesquelles vous étiez sollicité ?



JdL : Il y a eu une grosse expo, en 92, où l’idée était d’exposer douze dessinateurs, un par mois et de faire des expositions dans de nombreux instituts français en montrant une expo plus précise d’un des douze, accompagnée d’une expo des onze autres, avec cinq ou six pièces de chacun. On a pas mal voyagé comme ça, effectivement. C’était un truc d’assez grande envergure, parce que c’était des originaux, donc il y avait des transferts des œuvres. C’était vraiment la grande époque de l’AFAA où ils promouvaient beaucoup l’illustration […] C’est vrai que dans tous ces centres culturels, il y avait un assez bon accueil de l’illustration, de la bande dessinée, enfin du mode narratif, comme vecteur de la langue française […]


PLD : Dans ce cadre, quel était votre rôle d’auteur-dessinateur ?

JdL : Présentation de l’expo, une petite conférence sur la bande dessinée, sur mon expérience, des échanges avec la presse… C’est des choses que j’ai beaucoup continué à faire, mais à titre individuel, dans les instituts français. Là, en novembre j’étais à Tokyo et à Kyoto où là aussi, je fais des expos, mais j’ai depuis peu proposé autre chose : des résidences. Ce sont des séjours que je fais, d’une quinzaine de jours sur place, je dessine beaucoup, et j’expose les dessins que j’ai faits, la veille de mon départ. Mais c’est plus du dessin fait sur place, du dessin de voyage, que de la bande dessinée.


PLD : C’est une autre forme d’exposition qui s’apparente plus à la conclusion d’une séquence de création qu’à une rétrospective sur une œuvre passée.

JdL : Oui, mais évidemment, en accompagnement de ces résidences, il y a forcément une petite expo qui a lieu dans les médiathèques ou les instituts français ou des choses comme ça.

PLD : Sur ces résidences, qui est commanditaire, Cultures France ?

JdL : Non, parce que dans les années 90, 2000, il y avait des énormes budgets du côté de l’AFAA, mais maintenant, il n’y a plus une thune, donc ce sont les instituts qui me font venir ; ils se débrouillent avec des budgets locaux, et des partenaires  Enjeux et stratégie de l’exposition de bande dessinée Annexes 99 locaux. Par exemple au Japon, une partie de mon voyage était payé par les universités parce qu’ils faisaient des petites conférences ou des workshops, des trucs comme ça. J’ai fait ça aussi à Essaouira il n’y a pas très longtemps, où c’était combiné avec des partenaires de l’Alliance Française sur place. Quand je fais des déplacements, ce n’est plus du tout dans les mêmes conditions. L’AFAA n’intervient pas, et du coup, il n’y a plus le budget pour faire des vraies expos, c'est-à-dire avec un transporteur, avec un budget d’assurance. La dernière très grosse expo que j’ai fait comme ça, c’était une expo dans toute l’Amérique du sud, en 95-96, où j’avais fait plein de peintures, des croquis, des choses comme ça, et qui était exposée dans les Alliances d’Argentine, Chili, Equateur… Ça, c’était l’époque où il y avait un transporteur spécial, des caisses spécialement réalisées à la taille de mes peintures, qui étaient exposées au Musée des Beaux Arts de Santiago. C’est une époque révolue, ce qui fait que comme il y a beaucoup moins de budget, je propose des expos de multiples : des lithos, des sérigraphies. Ça, je viens avec, dans mes valises, avec un tube et il n’y a aucun problème d’assurance. Ça permet de faire une expo, ça permet aussi de bien occuper un espace, parce que c’est en général assez grand et assez coloré. Maintenant, c’est un peu comme ça que ça se passe : ça et les dessins que je fais sur place. Ça s’accompagne d’une série de conférences. […]
 

PLD : En dehors de ces résidences, vous avez fait l’objet de plusieurs expositions : quels sont les enjeux d’une exposition de vos travaux ?

JdL : Les grosses expos, ça permet de faire des sortes de rétrospectives, de montrer l’ensemble du travail, de montrer des originaux. Moi personnellement, j’aime bien aller voir des expos où il y a des documents originaux, comme celle d’Hugo Pratt en ce moment à la Pinacothèque où il y a des pièces absolument magnifiques. Bon, moi j’aime bien montrer ça. J’ai eu la biennale de Cherbourg, il y a quelque temps, et là c’était un vrai travail avec les commissaires d’exposition. En plus j’y ai fait une résidence donc il y avait une création liée à cette expo, une dizaine de grands fusains dans les bunkers de Cherbourg. Là j’en ai une en préparation au Musée des Beaux Arts de Mulhouse… A chaque fois qu’on me propose ça, je ne vois vraiment pas de raisons de refuser : c’est une mise en valeur de mon travail, c’est des choses qui ne sortent jamais de mon atelier et que je montre. Evidemment, il y a la promotion, il y a une vente de livres au moment de l’exposition, mais c’est toujours très négligeable.

PLD : Donc c’est avant tout un plaisir ?

JdL : Tout dépend de la mise en valeur du travail et du lieu. Evidemment quand ça me donne l’occasion d’aller voyager à l’autre bout du monde, c’est encore mieux. Enjeux et stratégie de l’exposition de bande dessinée Annexes 100 Mais quand c’est dans un joli musée, quand c’est une expo qui dure plusieurs mois… Là, je vais avoir une expo à Lucerne, au Fumetto, où tous les ans, ils invitent un artiste en résidence. Donc je dois faire un dessin par jour en passant dix jours là bas. Là il y a un commissaire d’expo qui regarde ce que je fais et c’est lui qui définit une identité à l’exposition en choisissant un certain nombre de pièces et pas d’autres.

PLD : Comment se passe ce travail avec un commissaire d’expo ?
 

JdL : En général je le laisse dans mon atelier, il regarde tout, il regarde ce qui l’intéresse, il demande d’autres choses dans le même esprit.

PLD : vous vous impliquez dans la scénographie ?


JdL : Moi personnellement, je ne m’en occupe pas : ce n’est pas mon travail, je ne connais pas les trucs… J’ai toujours l’impression qu’il y a dix mille façons de les présenter alors j’ai tendance à faire confiance et à arriver la veille du vernissage […]

PLD : Qu’est ce qui vous paraît le plus propice à exposer, des planches originales, des carnets, des dessins isolés…?

JdL : A mon avis, tout : les planches de bande dessinée, il y a des gens qui aiment bien, surtout quand c’est de la couleur directe ; il y a aussi tout un marché autour de l’illustration […] ; parfois je montre un peu du travail préparatoire, mais ça c’est un type d’exposition un peu plus didactique ; et il y a aussi les peintures, les grands formats. Moi j’essaie que les expos aient une certaine cohérence : soit on montre
uniquement le travail de bande dessinée, soit on montre quelque chose autour de la musique, soit on ne montre que les peintures, ou que les fusains. Ou alors, si c’est très grand il faut faire en sorte d’avoir des sections différentes pour chaque type de pièce exposée.

PLD : Quel est le rapport qu’entretient l’exposition de bande dessinée avec le livre ? Diriez vous qu’il s’agit de deux facettes d’une même œuvre, de deux œuvres distinctes, d’une œuvre principale déclinée dans une forme secondaire ?


JdL : C’est une déclinaison. Pour moi, ça n’a pas le même intérêt qu’une expo où je présente des choses inédites qui ont été faites pour un accrochage. C’est une sorte de lancement du livre. Quand j’expose des planches originales d’un livre qui vient de sortir, c’est dans l’idée de créer un petit évènement autour de la sortie du livre, qui permette au gens de voir le travail… Non, ce n’est pas une œuvre à part, c’est
une déclinaison, un bonus.