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2003 Le Figaro, 09 janvier 2003 
Simenon : le mythe en 7 légendes

En kiosque avec «Le Figaro» : «Le Figaro Littéraire» de ce jeudi est entièrement consacré 
à Simenon, à l'occasion de l'année de ses cent ans. 

1 Dessin couleur de Loustal et 7 dessins en noir et blanc.


sérigraphie Georges Simenon



Exposition Loustal  à la librairie La Marque Jaune à Liège (Belgique) à partir du 17 janvier 2003.
Présentation des illustrations de Loustal pour les nouvelles de Simenon éditées par Omnibus 


Le Témoignage de l'enfant de chœur

 
Maigret et l'Inspecteur Malgracieux


Menaces de mort


Ceux du Grand Café 


Client le plus obstine du monde


On ne tue pas les pauvres types

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Touriste de bananes   
[dessins de]  Loustal ; [texte de] Georges Simenon 


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W+B:  Année Simenon, octobre 2002

Loustal illustre Simenon

illustre Simenon
Expo dessins : 24 illustrations du dessinateur, Salon du Polar 2003

Le Figaro Simenon "Porte Océane"


Virgin n°77,  juin 2003
les magazine des megastore

SIMENON LES LIVRES CULTES SUR LES ROUTES AMÉRICAINES AVEC SIMENON

Michel Cul (Carnets Omnibus) MAIGRET, TRAVERSÉES DE PARIS Michel Carly (Carnets Omnibus)

Au milieu de la grande marée simenonienne. les deux livres de Michel Carty sont une bouffée d'air pur et d'intelligence D'un côté, un 'road movie' permet de dévoile la lace cachée d'un homme et d' un écrivain curieux de tout, avide de voyages. Les -routes américaines de Georges ressemblent tantôt á une fuite en avant, tantôt a un émerveillement. De l’autre, une promenade parisienne en compagnie du commissaire ses lieux termites, avec des photos d'époque, des itinéraires, des rappels nostalgiques et un sens de l'observation époustouflant. Michel Carly est un passionné, un homme d'une culture sans esbroufe qui arme raconter et transmettre ses émotions. C'est avec lui qu'il faut partir á la (re)découverte de Simenon et de son œuvre        

 

SIMENON ILLUSTRÉ PAR LOUSTAL

'On ne tue pas les pauvres types', -Le témoignage de l'enfant de choeur 'Ceux du grand café"... Carnets Omnibus)

Parce que l'oeuvre romanesque de Simenon est monumentale, mieux vaut commencer par prendre la tangente et lire quelques textes courts illustrés par le génial Loustal C'est ce que propose cette excellente collection de petits livres qui mettent en lumière le talent de Simenon pour la Coulisse, ici en parfaite adéquation avec le dessinateur Loustal, artiste des carnets de voyage, observateur permanent des hommes et des lierai. Une rencontre posthume qui permet d'entrer doucement el intelligemment dans le monde de cil sans les longueurs', comme disait Marcel Al Ensuite, on pourra toujours plonger dans les oeuvres complètes rééditées en Omnibus.

 


 

VINGTIEME ANNIVERSAIRE DE LA LIBRAIRIE
LA MARQUE JAUNE (Liège)
carton d’invitation n&b sur papier argenté (21 x 10) pour le vernissage de l'exposition "Loustal illustre Simenon", du 17 janvier au 08 février 2003

FIGARO LITTÉRAIRE


 



Simenon : le mythe en 7 légendes 
Homme de tous les records et de tous les appétits, couvert de livres, de femmes, de 
personnages, l'auteur de La Chambre bleue a cultivé sa légende au fil d'une époque qu'il 
a traversée en homme pressé. D'un bout à l'autre d'une existence trépidante, l'excès fut 
sa mesure. Un siècle après sa naissance, sa vie et son œuvre font figure de mythe. 

Sébastien Lapaque
[09 janvier 2003]

80 pages par jour



Au mieux de sa forme, lorsqu'il produisait des fictions populaires à la chaîne, Simenon 
pouvait tenir onze heures d'affilée sur sa machine à écrire et produire 80 pages par 
jour. Soixante-dix mots minute! A 24 ans, déjà, ce forçat de la Remington jurait pouvoir 
écrire 300 lignes dactylographiées en trois quarts d'heure. Sa légende commençait de 
naître et on enviait ce garçon qui avait la réputation de dicter un roman par jour. «Un 
par trois jours», revendiquait-il, plus modestement. La cadence fut une donnée 
essentielle de son économie intime. Quand il eut fini de «gâcher du plâtre» en se faisant 
la main sur des romans de genre et qu'il donna ses premiers chefs-d'œuvre (Les Pitard, Le 
Bourgmestre de Furnes, Les Inconnus dans la maison, La Veuve Couderc), il ne perdit 
jamais l'habitude d'écrire ses livres d'une traite, sans reprendre son souffle. Il 
fallait rester dans le rythme.



La cage de verre


L'idée est venue d'Eugène Merle, journaliste, fondateur de Paris-Soir, qui avait côtoyé 
Georges Bernanos au quartier politique de la Santé en 1909: écrire un roman sous les yeux 
du public, en trois jours et trois nuits, dans une cage de verre de 6 mètres sur 6 
mètres. C'était en 1927.

Georges Simenon avait 24 ans et une brochure publicitaire assurait qu'il avait déjà écrit 
«1 000 contes et 60 romans». Quand le projet fut rendu public, la presse se déchaîna, 
accusant l'écrivain de s'être transformé en bête de foire. D'après Pierre Assouline, le 
plus complet biographe du maître liégeois, Eugène Merle et Georges Simenon renoncèrent 
devant le tollé général. Le romancier lui-même jurait que la «performance» ne s'était 
jamais faite. De nombreux mémorialistes ont pourtant assuré avoir vu Simenon écrire un 
roman dans une cage, «sous les yeux d'un public époustouflé». Qui croire?



La pipe de Maigret


En quarante-deux ans de carrière (1930–1972), Jules Maigret fut confronté à toutes sortes 
d'épreuves. Parmi les plus cruelles, la perte de sa bouffarde, accessoire essentiel de sa 
mythologie subtilisée par un petit truand dans La Pipe de Maigret (1947). Sans sa pipe, 
Maigret est un homme nu. Au commencement de toute enquête, elle soutient sa réflexion et 
sa perception tactile du monde extérieur. «Maigret fumait sa pipe à petites bouffées en 
essayant de s'imprégner de tout ce monde qu'il ne connaissait pas la veille et qui venait 
de surgir dans sa vie.» (Maigret hésite.) Jean Gabin, Michel Simon, Jean Morel, Jean 
Richard et Bruno Cremer, qui ont successivement incarné Jules Maigret à l'écran, furent 
tous dotés de l'indispensable accessoire devenu un emblème sur la couverture des livres 
de Simenon et le blason de l'écrivain.



Les 400 livres

Les évaluations les plus folles de l'œuvre de Simenon participent de sa légende. C'est 
qu'il a employé de nombreux pseudonymes avant d'afficher son nom en couverture de 
Monsieur Gallet, décédé (1931). Même les spécialistes s'avouent incapables d'estimer 
exactement le nombre de romans publiés sous des patronymes de fantaisie. Les plus 
fréquents furent Christian Brulls, Jean du Perry, Georges Sim, Jacques Dersonne, Luc 
Dorsan, Georges-Martin Georges, Gom Gut, Gaston Vialis... 190 titres parurent entre 1924 
et 1931, souvent attribués à ces auteurs chimériques. Ensuite, vinrent plusieurs dizaines 
de livres plus sérieux, les «romans de la destinée» et les 103 enquêtes de Jules Maigret, 
qui vont de Train de nuit (1930, sous le pseudonyme de Christian Brulls) à Maigret et 
Monsieur Charles (1972). Selon Claude Menguy et Pierre Deligny, bibliographes érudits du 
maître liégeois, l'œuvre de Simenon compte au total 431 titres.



Les beaux horizons

En Afrique, en Turquie, aux Galapagos, en Polynésie, Simenon ne partit pas simplement en 
reportage mais aussi, mais surtout, à «la recherche de l'homme nu». C'est en romancier 
qu'il partit vers les beaux horizons, muni d'un carnet à spirales et d'un appareil photo 
(1), soucieux d'observer des individus dépouillés de leurs travestissements sociaux. 
Travaillant sur le motif, le «capitaine» Simenon embarqua d'abord vers la Belgique, la 
Hollande, le cap Nord. Ensuite, vinrent des voyages plus lointains, en quête de 
l'histoire immédiate et de la peine des hommes. D'Egypte, du Congo, de Tahiti, il ramena 
les reportages rassemblés dans Mes apprentissages (Omnibus) et quelques chefs-d'œuvre, 
romans de l'universelle condition humaine tels que Le Coup de Lune, qui se déroule à 
Libreville, Quartier nègre, à Panama, et Touriste de bananes, dans les bas-fonds de 
Papeete.



Les 10 000 femmes


Homme de tous les records, Georges Simenon, marié à 19 ans, fut très vite dévoré 
d'appétits sensuels. Devenu une célébrité, il se faisait une gloire de ses prouesses 
sexuelles, jurant avoir connu plusieurs milliers de partenaires. La légende lui en 
attribue 10 000. Amateur de putains rieuses, de bonnes rondelettes et de «coups de fusil» 
dans les hôtels, il fut un don Juan impudique, dissimulant à peine sa bigamie lorsqu'il 
partagea sa vie entre sa cuisinière et sa seconde épouse. «Nous faisions l'amour tous les 
jours, trois fois par jour, avant le petit déjeuner, après la sieste et avant de se 
coucher», a rapporté cette dernière. Née Denyse Ouimet, rencontrée en 1945, elle fut sa 
secrétaire et sa maîtresse avant de devenir sa seconde épouse et la mère de trois de ses 
enfants. Elle a laissé de lui un portrait sans fard. «Il était prolixe en tout: dans sa 
manière de parler, d'écrire, de publier, de faire l'amour...»

 



L'argent


«Gagner le plus d'argent possible en écrivant des livres faciles, puis s'installer et 
faire de la littérature»: telle était, à 20 ans, la devise que se donna le jeune Liégeois 
venu faire fortune en France. Il ne lui fallut pas longtemps avant de parvenir à ses 
fins. En 1933, l'année de son premier contrat chez Gallimard, il promettait à son éditeur 
six livres par an en échange d'un à-valoir garanti sur 50 000 exemplaires, avec 10% sur 
les 10 000 premiers exemplaires et 12% au-delà. Il faut ajouter les revenus provenant de 
ses chroniques, de ses reportages, du cinéma. En 1934, Simenon gagna en tout 717 216 
francs. 

Les ventes de Simenon ne couvrirent pas toujours ses à-valoir, mais celui-ci resta un 
redoutable homme d'affaires. Après guerre, le contrat qu'il signa avec Sven Nielsen pour 
les Presses de la Cité lui assura des conditions plus qu'avantageuses : 300 000 francs 
d'à-valoir, 15% jusqu'à 20 000 exemplaires, 20% au-delà, l'auteur se réservant la 
totalité des droits étrangers et cinématographiques. Du jamais vu dans l'histoire de 
l'édition française.

(1) Simenon photographe, de Tristan Bourlard, chez Actes Sud.

En kiosque avec «Le Figaro» : «Le Figaro Littéraire» de ce jeudi est entièrement consacré 
à Simenon, à l'occasion de l'année de ses cent ans.