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1987 Jazz Magazine Barney Wilen et sa Bande 

Jazz Magazine : spécial BD, janvier 1987 

Bande-son pour une BD. p.21 

En couverture Loustal: quatre images extraites de l'album "Barney et la Note Blue" (publié ce mois-ci par les Editions Casterman) A lire: le dossier jazz et bande dessinée" conçu et réalise par Piere Henri Ardonceau


Variations sur la note blue

UNE RENCONTRE PASSIONNANTE DU JAZZ ET DE LA BANDE DESSINÉE, AVEC MUSIQUE.

Jazz et cinéma, jazz et poésie, jazz et arts graphiques, jazz et photo, jazz et bande dessinée... Mariages de raison? Couples « à problèmes »? Epousailles fastueuses? Amours ancillaires ?

On peut tout dire de ces « accouplements ». Tout et le contraire. La sortie du film « Autour de Minuit » a donné lieu. à des affrontements mémorables entre vieux amis, pourtant « amoureux x » des mêmes choses. Pendant ces débats récents, la grande presse (non spécialisée) annonçait sur un ton définitif un incontournable retour au jazz. Après nous avoir, en a peine trois ou quatre ans, aussi bien sommés 1 d'écouter Fela et les Africains (dans un loft à la Bastille, bien sûr !), que culpabilisés si nous n'écoutions pas 24 heures sur 24 de la musique techno-punk (obligatoirement dans un ancien hôtel de passe, rénové, du quartier des Halles) et avant de nous obliger (dans six mois ?) à revendre notre disco thèque jazz pour la remplacer par l'intégrale de Maurice Chevalier (à écouter impérativement au centième étage d'un gratte-ciel de la Défense), les ayatollahs de la presse branchée ont décidé, que, ces temps-ci, le bon choix c'était le « feeling jazz »...

Le 15 janvier, ceux qui aiment discuter à n'en plus finir sur les flirts poussés du jazz avec d'autres disciplines artistiques, mais aussi les amateurs sensibles (depuis longtemps ou non) au « feeling jazz » devraient être gâtés: « Barney et la Note Bleue », album. de bandes dessinées illustré par Jacques de Loustal et écrit par Philippe Paringaux, sort des presses de Casterman.

Une histoire d'amour dont le personnage principal est un musicien de jazz célèbre à la fin des années 50. Nostalgie, bebop/hard_bop, détails d'époque, « jazz life »... Comme pour, le film de Tavernier, des jazzophiles un peu maniaques traqueront les détails authentiques et les « erreurs ». D'autres, croyant avoir entre les mains la véritable biographie de Barney Wilen s'indigneront à l'usage fait de l'image d'un musicien toujours vivant et toujours créatif (dans « La Note Bleue », le Barney de fiction meurt en 1962 !). Certains, enfin, trouveront cette histoire «farcie » de clichés et engluée dans une imagerie «facile » du monde du jazz et des fifties.

Pour Pierre_Henri Ardonceau, un de nos « spécialistes » des rapports jazz et b.d., « Barney et la Note Bleue » est une oeuvre importante et passionnante. Pour éclairer débats et polémiques que ne manquera pas de susciter la parution de cet album, il a recueilli plusieurs avis : ceux des auteurs, bien sûr, mais aussi celui de Michel Boujut, jazzfan_bédéphile notoire. Le scénario de « La Note Bleue » ayant été, en partie (et d'un point de vue très limité finalement), inspiré par le saxophoniste Barney Wilen (vedette du jazz français et européen à la fin des années 50), Ardonceau rappelle quelques moments de la carrière de celui-ci et relève au passage des coïncidences « troublantes ». Enfin, comme (heureuse chose à son avis) la bande dessinée a déjà une bande-son originale (une première en ce domaine), il nous raconte la genèse du disque « La Note Bleue ».

 

Barney pour de rire

Philippe Paringaux, 42 ans, est rédacteur en chef de Rock & Folk (depuis 1978) et de l'Echo des Savanes (depuis deux ans). Dans l'univers de la bande dessinée, Paringaux occupe, volontairement, une position marginale : il n'écrit des scénarios que pour Jacques de Loustal, et ses scénarios « fonctionnent » de manière très particulière. Paringaux est loin des pâles dominants de la figuration narrative : aventures et « rigolade » (les fameux « Petits Mickeys »)... Le titre de son roman en bande dessinée, La Note Bleue, est un double hommage : aux blue notes qui font la spécificité du jazz et à Blue Note, son label phonographique préféré.

ROCK ET JAZZ Lorsque j'étais adolescent, j'écoutais indifféremment du jazz ou du rock : Cliff Gallup ou Kenny Burrell, Presley et Coltrane. A l'époque, ça ne se faisait pas beaucoup d'avoir un pied dans chaque camp _donc, je n'étais dans aucun. Je suis devenu critique à Rock & Folk vers la fin des années 60 _j'étais à Sciences Po, la mort d'Otis Redding m'a remis dans le droit chemin. J'ai un peu écrit sur le jazz dans R & F, surtout sur Miles Davis qui est mon idole de toujours _ on était devenu copains, il me faisait

essayer ses pantalons en peau de serpent et je portais sa trompette, j'étais fier comme tout. J'ai décroché du jazz après la période free, musique que je m'étais forcé à défendre pour des raisons extra_musicales. Je continue à me tenir au courant, mais quand j'écoute du jazz je retombe immanquablement sur mes vieux Blue Note ou des trucs des années 50_60.

TRANCHES DE VIE Loustal a débuté à R & F, il apportait des petits croquis de musiciens. Un jour il m'a demandé un scénario, et depuis je travaille avec lui _ et uniquement avec lui. La musique est souvent présente dans ce que nous avons publié, mais ce qui m'intéresse par-dessus tout c'est la petite musique intérieure, celle qui naît d'une phrase parfaitement en harmonie _ ou parfaitement en décalage _ avec le dessin qui la surplombe jamais de bulles ! Les histoires qui vont d'un début logique à une fin logique ne m'intéressent pas vraiment, je préfère raconter des instants, des détails, des bribes de vie. Je cherche à évoquer des ambiances, des climats, la chaleur ou l'ennui. En conséquence, nos récits laissent une très grande part à l'imagination du lecteur, à lui de greffer son propre scénario sur le mien _à partir d'indications, de comportements. Je ne suis pas fou de littérature psychologique et n'entre jamais dans la tête de mes personnages.

D'AMOUR ET DE JAZZ

Cela fait des années que je pense à une histoire dont le principal serait un musicien de jazz _ puisqu'il y en a beaucoup dans ma galerie de héros _ mais pas une histoire de jazz : une histoire d'amour. J'avais une idée assez précise de la personnalité et du physique de ce personnage, une sorte de dandy erratique et quelque peu loser, un type frêle avec des lunettes. J'ai donné quelques photos à Loustal : Paul Desmono, Lee Konitz, Buddy Holly, Bill Evans et... Barney Wilen. Le héros du livre est un mélange de tous ces gens-là.

BARNEY Je ne connaissais pas Barney Wilen. Je n'ai jamais fréquenté les milieux du jazz, ma connaissance du sujet est totalement livresque, phonographique, cinématographique  j'ai toujours préféré traiter de sujets que je ne connaissais pas réellement, et ce sans jamais me documenter, sans doute parce que la réalité est toujours plus décevante que le rêve. Le problème, si problème il y a, c'est que dès le début du travail d'écriture j'ai appelé mon personnage Barney  avec l'intention de changer ce nom ensuite, mais plus je l'appelais Barney, plus ce nom s'imposait et il ne m'a plus été possible d'en envisager un autre par la suite. C'est un beau nom, Barney, pour un héros.

FICTION Bon, dissipons un petit malentendu : Barney et la Note Bleue n'est absolument pas une biographie de Barney Wilen, et je suis persuadé que si le personnage s'était appelé Louis ou Marcel la uestion ne se serait même pas posée. "étais bien conscient, en décidant de conserver le prénom d'un musicien existant, que cela risquait de créer une confusion, mais, comme je l'ai dit, je ne pouvais plus changer. Bien sûr, certaines des situations de l'histoire peuvent être rattachées à une réalité « historique », mais l'imaginaire est forcément nourri de souvenirs et ces épisodes sont plutôt issus de la vie archétypique d'une certaine race de musiciens de jazz qu'inspirés par un seul _ et Barney Wilen est de cette race_là, celle des artistes qui n'ont aucun « plan de carrière » et vont où le vent les porte. En cela, oui, il ressemble sans doute à mon héros : tellement imprévisible qu'il en devient prévisible. En fait, je crois savoir que la vraie carrière du vrai Barney est beaucoup plus riche en rebondissements et en « scènes d'action » que mon scénario.

RÉACTIONS Barney et la Note Bleue a été pré publié dans (A Suivre) entre novembre 85 et mars 86. Après la parution du premier épisode, Barney est venu me voir et nous avons fait connaissance. Au début, il était plutôt content, flatté, amusé. Mais, à mesure que l'histoire avançait et qu' étaient évoqués des problèmes dont on ne parle qu'à mots couverts dans les revues spécialisées, il a été, je crois, désagréablement surpris. Nous avons parlé, je lui ai expliqué que ce n'était en rien une biographie. Aujourd'hui nos rapports sont amicaux, à tel point que nous travaillons, avec Philippe Vincent des disques Omd, sur le concept d'un disque qui s'intitulera « La Note Bleue » et sera. à ma connaissance, la première bande-son jamais réalisée à partir d'un bouquin.

DÉCOUPAGES D'habitude, je fournis à Loustal un découpage très précis. Et puis je me suis dit que cela pouvait brider sa créativité et, pour cet album, je l'ai laissé libre de choisir ses cadrages tout seul. J'ai défini des ambiances, je lui ai prêté des tas de disques et de revues, il a ajouté à cela toute sa doc sur les années 50_60. Je trouve qu'il a fait un remarquable travail de mise en scène et d'éclairage. Ce garçon est un prince de I 'aquarelle, il maîtrise parfaitement la lumière et c'est. en plus de la forme très littéraire du récit. ce qui différencie notre travail de la b.d. . traditionnelle. Il n'y a, parmi les protagonistes de l'histoire, aucun personnage cité sous son nom, mais les amateurs éclairés reconnaîtront par-ci, par-là un visage connu, un endroit, une vague référence ; ce sont des clins d'oeil à ceux qui savent, mais c'est sans réelle importance : je n'ai pas écrit ce bouquin pour faire étalage de mon érudition jazz. Loustal et moi avons un public fidèle qui connaît notre façon de « fonctionner » et pour qui le background de nos histoires n'est pas l'essentiel _ tant que nous réussissons à le faire rêver.

DU BON USAGE DU CLICHÉ Nos lecteurs savent depuis longtemps que les clichés sont la base même de notre travail mélo plus chromos _ et l'un de nos albums s'appelle même Clichés d' Amour, pour le cas où certains n'auraient pas bien saisi. Pour moi, les clichés sont de Miles images qui n'ont que le tort d'avoir été trop souvent utilisées. figées. Mais, tout comme les chansons d'amour, ils disent des choses éternellement vraies et le jeu consiste à redire ces choses d'une manière imperceptiblement différente, de réinsuffler de l'émotion dans des carcasses un peu usées. Toutes les histoires du monde ont déjà été racontées cent millions de fois, tous les standards de jazz ont été joués des millions de fois. Et pourtant. parfois, le grand frisson passe. Question de feeling.

AUTOUR DE MINUIT C'est en apparence la même histoire. mais cela n'a en fait rien à voir. Autour de Minuit est une histoire d'amour entre un homme et une musique. Barney et la Note Bleue est une histoire d'amour entre un homme _ qui se trouve être un jazzman _ et une femme. La comparaison ne se justifie que parce que l'élément jazz est très présent dans les deux, heu, oeuvres. Tout ce que je peux dire, c'est que la musique de mon « film » a moi sera meilleure. j'espère. que celle du Tavernier et risque de rendre a Barnev Wilen la place qu'il n'aurait jamais du quitter auprès des tout grands.

PURS ET DURS Cela dit, Autour de Minuit a suscité des réactions curieuses dans le milieu du jazz et je crois que les gens qui descendent ce film le font pour de bien mauvaises raisons. Au lieu de pinailler sur des détails sans aucune importance, ils devraient être reconnaissants _ même s'ils n'aiment pas le film _ à Tavernier d'avoir réalisé. en 1986. un film grand public sur le jazz (le jazz !). un sujet tellement peu commercial. Le simple fait que ce film existe devrait les satisfaire. Mais peut-être n'aiment ils pas que les foules viennent visiter leur petit jardin à eux...

(Propos recueillis par Pierre_Henri Ardonceau, octobre 1986.)

LES LUMIÈRES BLEUES DE LOUSTAL

A tout juste trente ans, Jacques de Loustal, remarquable portraitiste et paysagiste, a inventé un style d'histoire dessinée qui emprunte a la bande dessinée sans cri être. Aquarelliste (l'usage de l'aquarelle est peu répandu chez les dessinateurs de b.d.), il propose de grandes cases soigneusement composées et légendées (sans bulles) où l'on perçoit la vibration de la lumière. Atmosphères, climats, états d'âme : Loustal, avec la complicité d'un scénariste (Paringaux) avec qui il travaille en complète harmonie, administre un lifting, périlleux, à la bande dessinée traditionnelle.

Avec le couple Loustal_Paringaux, le rapport texte image retrouve sa pureté originelle. La page est globalement utilisée comme un écran limpide. Le graphisme de Loustal conforte la fluidité du récit de Paringaux. Rien ne brusque le lecteur. Les textes sont sous les images. On peut se laisser aller. Loustal repeint le mélo aux couleurs de la modernité. On pense à Wim Wenders, à Sheppard. Philippe Bronson, dans son Guide de la Bande Dessinée (éd. Glénat), qualifie Loustal de « dessinateur de blues ». Avec Loustal c'est bien une petite musique intérieure subtile qui nous est proposée avec parfois des ondes étranges et venimeuses.

Pour Barney et La Note Bleue Loustal a travaillé sur une musique qui n'est pas directement et principalement «sa» musique. Loustal aime avant tout le blues et le rock. Mais pour créer cette b.d. il a écouté beaucoup de jazz des anées 50 et 60 : « En puisant dans la discothèque de Paringaux, je nie suis ré imprégné d'un climat jazzy. Et beaucoup de choses sont « remontées ». Mes frères, plus âgés que moi, étaient des jazzfans. Les pochettes de leurs disques me fascinaient (celles des années 60 sont merveilleuses). Avec le jazz des sixties, c'est aussi les bandes_son des films policiers de Melville et Molinaro que j'entends. J'aime les films noirs de série B de cette époque et leur son particulier : le « hard hop ». La période 58_62 me passionne. Pas seulement pour le jazz. Pour son environnement global aussi. C'est tout cela que j'ai essayé de faire passer dans La Note Bleue. Comme au cinéma, j'ai fait des découpages précis, des plans de coupe, des éclairages adaptés à chaque scène. J'ai voulu que chaque page ait une unité (tonalités dominantes, unité de lieu). J'ai voulu aussi traduire une certaine imagerie du jazz : le sax, les chambres d'hôtel... J'ai travaillé sur plusieurs musiciens « réels » pour construire le héros de la bande. Finalement le Barney de la b.d., graphiquement, est une synthèse complexe de Bill Evans, Dave Brubeck, Chet Baker, Lee Konitz, Buddy Holly et... Barney Wilen. » (Propos recueillis par P._H.A., janvier 86).

NB _ Dans le cadre du Festival de Jazz d'Angoulême, du 26 mai au 27 juin 1987, le C.a.c. d'Angoulême présentera au Centre St Martial une exposition Loustal et le Jazz. C'est une initiative de F. Vie.

 


MICHEL BOUJUT AIME LE JAZZ, la bande dessinée, le cinéma, la littérature américaine, Entre autres. Depuis de nombreuses années il intervient dans tous ces domaines à des titres divers : journaliste, écrivain, critique, éditeur, essayiste, producteur... Collaborateur de Jazz Magazine, membre de l'équipe de l' Evénement du jeudi, il vient de remporter deux « 7 d'Or » 'pour l'émission Cinéma-Cinémas qu'il coproduit sur Antenne 2. En 1976, son Pour Amstrong (éd. Filipacchi) a fait l'unanimité chez les critiques spécialisés, Le Seuil a publié en mai 86 son roman Amours Américaines. En 1966, dans Giff Wiff (nN 22), il, évoquait (déjà !) dans un court article les rapports entre jazz et b.d. Pas de doute : Boujut a le « profil » idéal, comme disent les chasseurs de têtes, pour nous parler de La Note Bleue...

« Je ne connais pas en détail la biographie de Barney Wilen, mais il me paraît évident que Barney et la Note Bleue est une fiction. Le personnage central est pour une bonne part le Barney Wilen qu'on connaît extérieurement. Pourtant, pas plus dans cette oeuvre que dans le film de Tavernier, je rie vois la biographie authentique d'un musicien. Comme tous les passionnés de cinéma américain, j'aime les histoires. Cette b.d. en raconte une. Je comprends que B.. Wilen ait pu être surpris par cette utilisation de son image, mais pour moi, avec les armes de la fiction un auteur a beaucoup de droits.

Le travail de mise en scène de Loustal me plaît beaucoup. Le fait que Paringaux travaille sur des clichés ne me gêne pas du tout. Les clichés sont faits pour être appropriés et retournés, Au cinéma, comme dans le monde du jazz, on vit beaucoup dans les 'clichés. (Mon émission use et abuse des clichés cinématographiques.) J'aurais pourtant aimé être plus surpris par le travail de Paringaux.

Il n'y a pas de bulles dans cet album. Ce n'est pas gênant. Le texte, sous les images, fonctionne comme le synopsis d'un film en train de se dérouler. Il y a là un <story board> prêt à être utilisé. Je verrais bien dès gens comme Louis Malle ou Jean-François Stévenin réaliser un film avec ce script. Le côté fêlure de l'histoire leur conviendrait bien. Bien qu'amoureux du cinéma, je ne suis pas ,maniaque. Je peux lire un roman ou une b.d., sans les passer au crible de l' écriture cinématographique. Mais là comment ne pas faire référence au 7e Art ? Je pense à l'univers de Scorcese, à Michael Curtis <La femme aux chimères> avec Kirk Douglas dans un rôle inspiré par Bix Beiderbecke). Il y a un côté naïf dans le dessin de Loustal qui va ,bien avec l'histoire. Cela donne une vision des choses pas complètement réaliste. Tous les éclairages sont merveilleux : les plans de plages ensoleillées comme les plans de nuit. Pour les scènes nocturnes, la ressemblance avec le travail sur les décors de Trauner pour « Autour de Minuit » est étonnante. Globalement, je préfère nettement la bande dessinée de Loustal_Paringaux au travail de Tavernier. Je ne suis pas fou de son film. (Je l'ai écrit dans l'Evenement du Jeudi.) Tavernier a déclaré avoir voulu faire un film « libre comme le bebop » : je crois qu'il a fait un film qui, trop carré, trop académique, ressemble plutôt au jazz classique Que. Il y a plus de liberté dans La Note Bleue que dans « Autour de Minuit ». Les couples jazz-b.d. et jazz-cinéma sont des couples « difficiles ». Il y a parfois plus d'esprit « jazz » dans un film de , Cassavettes qui ne parle pas de jazz que dans un film sur le jazz, car certains films de ce réalisateur sont en « état d'improvisation ». L'association jazz et b.d. n'a pas encore produit beaucoup d'oeuvres importantes (« L'Homme de Harlem » de Guido Crepax, « That's Life -de Robert Crumb ... ). Désormais, à mon avis, La Note Bleu en fera partie. » (Propos recueillis par P.H. Ardonceau, novembre 1986.)