2011
Loustal voyage en l’Ile
Loustal voyage en l’Ile
EXPOS | Grand bourlingueur, le dessinateur et illustrateur parisien montre
ses «Dessins d’ailleurs»
Tribune de Genève 09-02-2011
Loustal en l’Ile. Le dessinateur aime les architectures liées à l’eau.
On le croise sur la passerelle de l’Ile, taillant la route d’un pas décidé
en direction du BFM. «Hep, hep, hep! Et notre rendez-vous?» «Je reviens,
s’exclame Jacques de Loustal. Juste le temps de profiter de la lumière pour
admirer la vue. J’aime bien ces architectures liées à l’eau.»
Quelques instants plus tard, l’auteur-illustrateur parisien se pointe dans
les locaux de la galerie Papiers Gras qui lui consacre une exposition. Sur
les cimaises, une ribambelle de ces Dessins d’ailleurs qu’affectionne
Loustal. Un thème qu’il approfondit depuis une trentaine d’années, au fil de
voyages multiples. Souvent invité pour des conférences et des résidences
d’artiste – il se rendra notamment à Lucerne du 8 au 17 avril prochain dans
le cadre du festival Fumetto – il bourlingue aussi de son propre chef, «pour
voir du paysage».
Purement instinctif
Ce qu’il observe, du moins ce qui le touche, ressort sous forme
d’illustrations travaillées aussi bien à la mine de plomb qu’au fusain, au
feutre, à l’encre ou à l’aquarelle. «J’aime bien trouver l’outil ainsi que
le papier qui vont traduire mes impressions», commente-t-il en taillant au
cutter des crayons à la mine multicolore dégottés en Italie.
En l’Ile, revus et interprétés par Loustal, des paysages vietnamiens
tutoient notamment l’Egypte du lac Nasser, quelques châteaux des Highlands
écossais et la côte amalfitaine, par temps couvert. Genève? «J’y suis venu
souvent. Mais je connais peut-être trop pour que cela m’inspire vraiment.»
Architecte de formation devenu une valeur sûre de la bande dessinée et de
l’illustration, l’homme a le chic pour repérer les compositions graphiques
susceptibles de déboucher sur des images originales.
«C’est purement instinctif. Les grands espaces de même que les paysages
urbains vides ont tendance à me parler. Je ne me sens pas du tout reporter.
Le dessin de voyage doit rester ludique et impressionniste. Tant pis s’il
n’est pas parfaitement fidèle. C’est un dessin en totale liberté.»
Sur place, Loustal privilégie le premier jet. «Il n’y a pas d’esquisse, je
me lance directement sur le papier. Il faut que ça reste frais, en dépit des
erreurs possibles.»
Notes photographiques
Avec le temps, il a quelque peu modifié sa manière de travailler. «Je ne me
limite plus au dessin sur le motif, qui finissait par reproduire souvent les
mêmes situations. Je me suis rendu compte que je passais à côté de plein
d’images fortes, faute de temps pour les travailler. Désormais, en voyage,
je prends passablement de photos quand je me balade, comme s’il s’agissait
de notes. Le soir, je transforme ma chambre d’hôtel en atelier. Cela me
permet d’aller plus loin dans l’accomplissement du dessin.»
Infatigable bourlingueur, Loustal s’apprête à repartir. «Sur le littoral
belge, hors saison, en vue d’une exposition.» Entre deux valises, il prendra
le temps de travailler sur un nouveau projet en bande dessinée, sur un
scénario de Jean-Claude Götting. «Un album à mi-chemin entre Melville et
Modiano.» Qu’il réalisera dans son atelier parisien, avec vue sur le bassin
de la Villette. Comme un parfum d’évasion, déjà…
Galerie Papiers Gras, 1, place de l’Ile, jusqu’au 5 mars. A lire: Dessins
d’ailleurs, Ed. La table ronde
MAGALI GIRARDIN
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