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2010 A l'amour, à la mort et je jouis si je veux

DANIEL COUVREUR
http://www.lesoir.be


"les amours insolents"

vendredi 12 novembre 2010, 10:39


Peut-on s'aimer toute la vie sans être bourré à l'eau de rose ? Loustal et Benacquista déshabillent l'intimité du couple en 17 nouvelles drôles.


Damien et Charlotte dans « La traversée du désir », une des 17 nouvelles des « Amours insolentes » de Jacques de Loustal et Tonino Benacquista © Casterman
Crayon cynique et sensuel de Rock & Folk ou de Métal Hurlant, Loustal a cassé l'image de la bande dessinée classique. L'artiste a déniaisé le trait, rangé les bulles au placard, bombé les couleurs et poussé les héros sur des rivages noirs. Benacquista est un Outremangeur de polars, un récidiviste des prix littéraires avec sa Commédia des ratés et un crève-l'écran : le film De battre mon cœur s'est arrêté porte sa griffe. Entre ces deux-là, les amours ne pouvaient être qu'insolentes et les couples sages n'ont qu'à bien se tenir.

Repè!res
Bande dessinée Les amours insolentes LOUSTAL BENACQUISTA Casterman 142 p., 20 euros
C'est votre première rencontre et le résultat est d'une rare gaieté de vivre pour deux auteurs habitués à la noirceur. Au siècle du divorce, vous louez les beautés de la fidélité et des couples qui ne sont séparés que par la mort !

Benacquista : Il y a un Loustal crépusculaire et un Loustal solaire. J'ai voulu montrer qu'il peut aussi y avoir un Loustal drôle !

Loustal : Cela fait longtemps qu'on voulait travailler ensemble. Je ne sais pas pourquoi ça ne s'est pas présenté plus tôt. Un jour, il m'a envoyé un mail où il me disait son envie de raconter des histoires de couple avec moi. Cette idée m'a tout de suite plu. J'avais envie de récits moins tragiques que le Sang des voyous ou Coronado. J'aime les histoires courtes aussi, parce qu'elles offrent des variétés de situations, de personnages, de décors. J'ai tout de suite senti un côté ballade rock'n'roll dans ce projet, à la « Johnny and Mary » de Robert Palmer ou à la « Frankie and Johnny » d'Elvis. Les petites nouvelles de ces Amours insolentes sont comme des couplets de chansons, même si les mots ne riment pas.

Dans ces histoires, le couple n'est jamais ringard. Au contraire, vous l'érigez en idéal de vie libre et épanouie. C'est du premier ou du second degré ?

Benacquista : C'est presque devenu subversif aujourd'hui de décrire le bonheur ! On a tendance à voir le couple comme quelque chose de pépère et de lénifiant. C'est en ça que le bonheur est devenu insolent. C'est une gageure de raconter des histoires d'amour qui finissent bien et ce n'est pas aussi prévisible qu'on l'imagine.

Loustal : C'est pour ça qu'il y a beaucoup de cimetières dans ce livre, parce que seule la mort, et encore pas toujours, parvient à séparer les couples amoureux.

Beaucoup d'amour mais peu de sexe. Là encore, on ne reconnaît plus vos signatures…

Benacquista : Le sexe est induit. Quand il est épanoui, on n'éprouve pas le besoin de le montrer surtout qu'on a que douze cases par histoire. Sauf s'il est fondamental, comme dans la nouvelle du « Premier tango à Paris » avec le couple échangiste. Il y a quelque chose du « What are you doing after the orgy ? » dans ce récit ! La vraie libération du couple, ici, c'est de pouvoir parler de romantisme et pas de sexe.

Loustal : Il est tout de même assez chaud ce tango… On est allé jusqu'au bout !

Pourquoi 17 histoires ?

Loustal : Parce qu'il en fallait au moins 17 pour prouver au lecteur que les amours qui durent, ça existe, parce que j'aime les rituels et que ça fait chapitres de roman.

Benacquista : Parce que c'est un nombre magique qui évite la banalité.

  



 


 

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